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Accent flamand: plus que jamais, le nord du pays s'inquiète d'une invasion de la Russie en Europe

Alors que la Russie semble l'emporter en Ukraine, l'inquiétude monte au nord du pays. En effet, de nombreux experts indiquent que la Russie pourrait envahir l'Europe d'ici 5 à 10 ans. Un sujet, qui pour certaines raisons, est plus souvent mis sur la table en Flandre qu'en Wallonie. 

On en parle beaucoup plus du côté flamand de la frontière linguistique : les Russes pourraient bien tenter d’envahir l’Europe dans 5 à 10 ans. De nombreux experts néerlandophones le clament dans toutes les émissions d’infos au nord du pays et Dieu sait qu’il y en a : on a toutes les raisons de s’inquiéter. Car oui, la Russie est en train de l’emporter en Ukraine. Et quand on gagne, on a envie de gagner plus, cela vaut depuis que l’homme est l’homme. L’économie russe s’est d’ailleurs adaptée à la guerre. On prédisait son effondrement. Elle n’a fait que s’effriter. Mais elle tient bon.

Quant à l’opinion publique russe, elle reste manifestement groupée derrière son "leader en posture de nouveau tsar star, je parle bien entendu de Vladimir Vladimirovitch Poutine, 71 ans", indique Christophe Deborsu. Maja Wolny, une auteur flamando-polonaise, vient d’écrire un livre sur une expérience unique, "De trein naar het imperium", "Le train vers l’empire". Après le début de la guerre, elle a fait plusieurs périples en Russie avec un visa de touriste. Elle a réalisé l’interview en profondeur de 106 Russes de toute condition et de partout dans le pays. Sur les 106, seuls, 2 lui ont dit déplorer l’invasion de l’Ukraine. Les autres se partageaient entre les fans absolus du régime, environ 30 %. Et 70 % de citoyens qui raisonnent à travers un ton très russe et donc très résigné : "C’est comme ça, c’est comme ça, que peut-on faire ? ". Bref, une nouvelle révolution n’est ni pour demain. Ni pour après. 

Le nord du pays veut investir dans l'armée

Pour Poutine, l’appétit viendrait donc en mangeant, lui qui rêve depuis tout petit de rendre la Russie great again. Les Flamands sont abreuvés de telles analyses, pertinentes par ailleurs, bien plus qu’en Wallonie-Bruxelles où l’on semble craindre voire réprouver une telle rhétorique guerrière. D’abord, parce que les partis de gauches, plus puissants en Wallonie, sont moins militaristes que ceux du nord, plus à droite. Et puis si la population prend peur, elle voudra donner de plus gros moyens à notre armée. Or, le sud n’a plus d’argent et tant de besoins que ce type de demande est plus difficilement recevable. Seul le MR est clairement favorable à une armée plus riche. En revanche au nord N-VA, Vlaams Belang, cd&V et Open VLD plaident tous pour arriver plus vite que prévu à des dépenses de défenses équivalentes à 2 % du Produit Intérieur Brut, comme l’OTAN le demande. La Belgique en est actuellement à 1,24 %. Seul le Luxembourg fait moins bien que nous au sein de l’Alliance atlantique. Une montée à 2 % coûterait 5 milliards par an à notre pays, 1000 euros par famille. "On peut se le permettre", dit-on en Flandre où l’argent coule à flots alors que la Wallonie et Bruxelles coulent financièrement.

Bref, il faut avoir des sous pour se permettre d’avoir peur. Alors, nous, Francophones de Belgique, il nous reste l’espoir que Poutine n’ose pas envahir l’OTAN dont nous faisons partie et qui garantit que si un de ses membres est attaqué les autres répliquent. Peut-être cette perspective suffira-t-elle à stopper Poutine. Sauf que si Donald Trump est élu aux Etats-Unis, la solidarité américaine risque de se réduire à la taille de la grandeur d’âme de son chef d’Etat, c’est-à-dire à néant. Jusqu’à la veille de l’attaque russe de l’Ukraine le 24 février 2022 peu nombreux étaient ceux qui croyaient que le président russe oserait. Le passé ne donne pas les clés du futur. Mais le jeter aux orties peut occasionner des brûlures dont on ne se remet pas. 
 

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