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Bientôt la fin des notices de médicaments papier: voici pourquoi Testachats s’y oppose

Remplacer les notices de médicaments papier par des documents numériques, voilà une mesure européenne qui ne plaît pas à tout le monde. Et pour cause : cette décision ne prend pas en compte la situation de tous les patients. Testachats dénonce une mesure non-inclusive. 

La Commission européenne envisage de remplacer la notice papier des médicaments par une notice exclusivement numérique. Et cela fait réagir Testachats et 14 autres organisations représentant les patients, les pharmaciens, les mutualités, les médecins généralistes, mais aussi les familles ou les personnes âgées. C’est donc une très large coalition d’organisations qui s’y opposent. Nous pensons que cette mesure risque de porter préjudice à de nombreuses personnes.

"L’intérêt de la notice papier d'un médicament n'est pas à sous-estimer. Il s'agit d'une source d'informations cruciale et fiable pour les patients afin de les utiliser en toute sécurité", explique Julie Frère, la porte-parole de Testachats. 

Ce que ces associations craignent, c’est que le remplacement de la notice papier par une notice numérique ne rende la mise à disposition d’informations sur les médicaments dépendante de l'accès à Internet, aux smartphones et aux compétences numériques.

8 personnes sur 10 préfèrent la notice papier

En effet, certaines personnes âgées, en situation de handicap, à faible revenu ainsi que les habitants des régions reculées s’en verraient directement impactés. Selon le dernier Baromètre de l'inclusion numérique, 5 % de la population belge (âgée de 16 à 76 ans) n'a pas accès à Internet et 16 % ne l'utilisent pas. Ce pourcentage grimpe à 21 % dans les ménages à faibles revenus. 40 % des Belges sont considérés comme vulnérables sur le plan numérique.

"L'imposition d'une notice numérique serait donc préjudiciable pour toutes ces personnes", lance Julie Frère.

Une enquête a été menée par testachat auprès d'un échantillon de Belges sur ce sujet a montré qu'à peine une personne sur dix recherche des informations en ligne sur un médicament, tandis que huit personnes sur dix préfèrent consulter la notice papier et souhaitent la conserver, même si un code QR est disponible.

Autre effet pervers de cette mesure : le transfert du coût et de la charge pratique (impression, encre et utilisation d’Internet) de l'industrie pharmaceutique vers les pharmaciens et les patients. Parce qu’il est évident que de nombreuses personnes demanderont de disposer d’informations écrites sur l’utilisation de leur médicament, et elles ne sont pas toutes équipées d’une imprimante chez elles.

Or, nous estimons que les entreprises pharmaceutiques doivent jouer leur rôle social, et qu’aucune économie ne devrait être réalisée au détriment de l'accès aux informations sur les médicaments.

"Pas au détriment des droits fondamentaux des patients"

Testachats n’est pas opposé à la notice numérique, car elle présente des avantages. Elle offre par exemple une meilleure lisibilité aux personnes ayant des problèmes de vue, elle permet aux entreprises de les mettre plus rapidement à jour en cas de changements. "Mais ces avantages ne doivent pas se faire au détriment des droits fondamentaux des patients", souligne la porte-parole de Testachats.

"Pour autant que les garanties en matière de protection de la vie privée soient suffisantes, nous sommes d’avis que la notice numérique a toute sa place à côté de la version papier", précise Julie Frère. 

La notice numérique fait actuellement l’objet de discussions au niveau européen et chaque État membre doit prendre position sur cette proposition de la Commission européenne.

"Ce que nous demandons au Ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, c’est de réaffirmer clairement son refus de voir disparaître la notice papier. Nous pensons que la notice papier obligatoire est cruciale pour une politique de santé inclusive qui prend en compte les besoins des patients vulnérables et moins aguerris au numérique", conclut Julie Frère.

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