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Ce métier indispensable est en pénurie: "On nous voit comme des brutes épaisses sanguinolentes"

Cette année, aucun élève ne s’est inscrit à la formation de boucher à l’IFAPME de Wallonie picarde. Une situation symptomatique d’une crise plus large qui frappe le secteur depuis plus de vingt ans.

C’est une première inquiétante : l’IFAPME de Wallonie picarde n’enregistre aucun inscrit en section boucherie cette année. Ce constat alarmant vient s’ajouter à une tendance déjà bien installée dans la profession : la pénurie de main-d’œuvre.

À Charleroi, Jean-Pierre Barbier, formateur au centre IFAPME, observe la baisse depuis des années. "Quand j'ai commencé, il y avait trois classes de 20 élèves. Cette année, j'avais 8-9 élèves au départ, et il m'en reste 5", explique-t-il. À l’EFP de Uccle, les chiffres restent stables, mais la filière attire moins que d’autres formations, comme la boulangerie ou la cuisine.

Une passion, mais peu de candidats

Parmi les rares à se lancer, Alexandre, 27 ans, a décidé de suivre le cursus à l’EFP d’Uccle : "Je suis passionné par la cuisine et c'est ça qui m'a poussé à m'inscrire en boucherie. Je pourrai combiner les deux car en tant que boucher, on est obligé de savoir comment bien cuire la viande", confie-t-il.

À Charleroi, Emilio, 15 ans, a découvert la profession grâce à un proche : "Un ami à mon papa est boucher. Après avoir essayé, je me suis dit : 'pourquoi pas ?' Maintenant que je suis employé en entreprise, ça commence à bien me plaire. Je vais continuer dans cette voie et pourquoi pas ouvrir ma propre boucherie plus tard". Mais ces témoignages restent des exceptions dans un secteur déserté.

Une profession encore victime de son image

Pour Philippe Bouillon, président de la Fédération nationale des bouchers, cette désaffection s’explique notamment par une image désuète du métier : "C'est parfois une brute un peu épaisse, sanguinolente… Ce n'est pas très glamour, par rapport à d'autres professions similaires comme boulanger ou cuisinier", admet-il.

Il alerte également sur un chiffre préoccupant : le taux de succession dans les boucheries est de 1 sur 10. Autrement dit, pour 9 boucheries qui ferment, une seule est reprise.

Un métier à revaloriser d’urgence

Face à cette situation, Philippe Bouillon appelle à une revalorisation des filières techniques et de l’alternance : "Il faudrait dire aux jeunes que ces voies d'enseignement sont des voies vers un métier assuré et avec des rémunérations tout à fait intéressantes", plaide-t-il. Il reconnaît que le métier n’est pas facile : horaires matinaux, longues journées, conditions parfois difficiles. "Mais pour celui qui l'apprécie, c'est un métier très valorisant", insiste-t-il.

Alors que la filière cherche désespérément des vocations, le risque est grand de voir disparaître un savoir-faire artisanal essentiel, si rien n’est fait pour en redorer l’image auprès des jeunes générations.

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