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Le fils d’Isabelle, 12 ans, abusé sexuellement par un employé dans une école de Charleroi : la famille est prise en charge dans un centre spécialisé

Par RTL info avec Justine Roldan Perez et Amélie Bailly
À Charleroi, le Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) interpellent et inquiètent. Plus d’un patient sur deux qui y est accueilli est mineur. Une proportion bien plus élevée que la moyenne nationale. Pour l’instant, difficile d’obtenir des réponses claires : les spécialistes eux-mêmes peinent à interpréter ces données. Dans ce contexte préoccupant, nous avons rencontré une maman dont le fils a été victime d’abus sexuels. Elle a accepté de nous confier son récit, un témoignage douloureux. La famille a été prise en charge dans le centre.

Le 21 septembre une date qui restera gravée à jamais dans la tête d’Isabelle. C’est le nom d’emprunt que nous lui donnons. Ce jour-là, son plus grand fils surprend son compagnon sous la douche avec son plus jeune de 12 ans. Il filme la scène. Isabelle nous a montré la vidéo. Les images sont insoutenables.

« Il y a un monsieur qui rentre dans la douche quand mon fils y est, raconte-t-elle. Mon grand continue à filmer. Il se rapproche de la douche et quand il ouvre le rideau de douche, on voit qu’effectivement monsieur est en train de se frotter à mon fils. Ce que j’entends c’est j’ai envie de toi, je vais te violer. »

Sans attendre, la mère rentre chez elle, prend ses enfants et part au commissariat. L’individu, employé dans une école de Charleroi, est immédiatement privé de liberté. C’est alors qu’Isabelle découvre l’ampleur du drame : le calvaire de son fils dure depuis trois ans.« Ce sont des attouchements, des abus, des viols… et du chantage ».

Pour l’enfant, les mots sont difficiles à poser mais il finit par écrire ce qu’il a vécu. Isabelle nous en lit difficilement quelques passages : « Quand il m’avait fait des trucs et qu’il avait été jusqu’au bout sur moi, je me sentais seul. Je pouvais prendre ma douche tout seul. Mais s’il ne l’avait pas encore fait, il venait en même temps que moi dans la douche. Il m’a obligé une fois à lui faire une fellation dans le lit de mon frère ».

C’est dans ce centre de prise en charge des violences sexuelles, à Lodelinsart, que la famille a été accueillie. Cette année, plus de 400 victimes sont venues ici, 58 % étaient mineurs. Un chiffre interpellant et pour l’instant difficiles à expliquer.

« Dès la première année, on avait déjà 45 % de mineurs, ce qui était plus élevé que la moyenne nationale des autres CPVS, raconte Sophie Desbenoit, coordinatrice du Centre de prise en charge des violences sexuelles de Charleroi. Ce qui a fait qu’on a augmenté la sensibilisation auprès d’autres professionnels qui travaillent avec des mineurs. »

Le centre a donc dû s’adapter : des formations spécifiques ont été suivies par le personnel et des partenariats avec des organismes spécialisés ont été créés. Lorsqu’il s’agit de mineurs, des précautions supplémentaires sont nécessaires. « L’examen médical se fait toujours en présence d’un médecin, un gynécologue ou un pédiatre suivant l’âge de l’enfant, explique Charlotte Nicolas, infirmière légiste au Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles de Charleroi. Et ça se fera sur accord d’un magistrat, d’un juge d’instruction. »

Si les victimes portent plainte, les dossiers sont directement transmis au parquet. Ce qui accélère les procédures. Ils sont traités en priorité par les magistrats. Les services de police accordent, eux aussi, une attention immédiate à ces enquêtes.

« On sait aussi qu’elles dépendent évidemment d’auditions, explique Sandrine Vairon, Magistrate de référence au Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles de Charleroi. Elles dépendent de la récolte de la parole et donc des souvenirs. Et donc, évidemment, ce sont des enquêtes qui doivent se faire dans le délai le plus court possible, surtout quand on a affaire à des enfants victimes. »

La loi évolue également. Dans le nouveau Code pénal sexuel, les peines ont été renforcées et les sanctions durcies. La notion d’inceste y est désormais reconnue comme une infraction à part entière.

La prise en charge progresse, favorisant la libération de la parole mais pour les familles, rien n’efface ces drames.

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