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C'est sur la table du gouvernement Wallon : une nouvelle réforme du certificat PEB (performance énergétique du bâtiment) pourrait faire son apparition dans les prochains mois, et fait déjà parler d'elle.
Le projet de réforme du certificat PEB ne plaît pas à tout le monde, certains problèmes sont pointés du doigt. Tout d'abord, cette réforme du PEB concernerait uniquement les constructions neuves ou quasi-neuves. Autrement dit, une infime partie du parc immobilier. Le problème, c'est que cette réforme autoriserait encore les citoyens à placer des chaudières au mazout et au gaz dans les nouvelles constructions. Ces chaudières seront pourtant interdites dès 2040 en Europe car polluantes.
"Si on en met encore maintenant, on ne pourra peut-être même pas les utiliser jusqu'au bout", prévient Eric Monami, conseiller chez EDORA. "Surtout, convertir un immeuble existant à des sources de chaleur alternatives, telle qu'une pompe à chaleur par exemple, ça demande des moyens beaucoup plus importants que si on le fait d'emblée", complète-t-il.
La nouvelle réforme du certificat PEB semble aller à l'encontre de la directive européenne qui vise à atteindre les 49% d'énergies renouvelables dans le secteur du bâtiment d'ici 2030. Elle va aussi à l'encontre des volontés régionales : "La Wallonie, l'année passée, a envoyé à l'Europe un Plan Air Climat Energie, dans lequel on fixe des ambitions. Le problème, c'est qu'ici, on a une première occasion de traduire concrètement ces ambitions dans la législation et on ne le fait pas", déplore Eric Monami. Ce plan prévoit, entre autres, d'interdire le mazout dans les constructions neuves d'ici le 1er mars 2025.
Les citoyens qui prendraient donc la décision de placer une chaudière au mazout ou au gaz dans leur construction neuve devront donc la changer d'ici 2040 avec, à la clé, toujours plus d'argent à débourser.
Enfin, cette réforme pourrait également avoir comme répercussion de creuser le fossé énergétique déjà présent entre la Wallonie et la Flandres, où le placement d'une chaudière au mazout est déjà interdit depuis 2022. "La Flandre a commencé à introduire de telles normes d'intégration des renouvelables en 2014. Ça veut dire qu'ils ont déjà 10 ans de constructions neuves, ou presque neuves, qui ont déjà introduit un peu de renouvelables. Ils ont une certaine avance sur la Wallonie", indique Eric Monami.
Du côté du cabinet de Philippe Henry, ministre wallon de l'Énergie, à la base de cette réforme, on souligne que la priorité sera d'abord le mazout, plus polluant, et seulement le gaz aux environ de 2035.