En Belgique, il est possible de se faire injecter du botox par quelqu'un qui n'est pas médecin, et qui le fait à la maison. En région liégeoise, une femme lance l'alerte pour dénoncer la pratique. Quels sont les risques ? Ces injections sans diplôme, sont-elles légales ?
Françoise Guiot est dermatologue et spécialisée en médecine esthétique. Toutes les semaines, elle reçoit des patients abîmés par des injections de botox, d’acide hyaluronique et d’autres opérations réalisées illégalement. Elle explique: "Vous avez le cas d’une personne qui s’est fait injecter avec probablement une embolie au niveau d'un vaisseau de la lèvre. La lèvre s'est nécrosée. La lèvre a disparu. Cette personne ne retrouvera jamais même avec chirurgie esthétique une lèvre comme au préalable."
Des cas plus graves existent, comme avec une nécrose du nez, de la région frontale, et même perte d'un œil. La patiente est défigurée à vie. Le problème est que la plupart des médecins qualifiés préfèrent ne pas intervenir. "Le dernier, qui touche endosse la responsabilité. On ne peut que leur conseiller de se retourner vers la personne à l'origine et demander de faire jouer leur assurance, si elles en ont une", ajoute Françoise Guiot qui précise : "Et en général, ils n'en ont pas." Les réseaux sociaux sont envahis de comptes qui proposent des prestations esthétiques à tarifs réduits. Exemple, 170 euros pour effacer des rides sur le front, soit la moitié d'un tarif de médecin.
Non, je suis infirmière
Dans une vidéo obtenue en caméra cachée (voir en haut de l'article), deux personnes se font passer pour des clientes. Le rendez-vous est pris sur l'application Snapachat. Elles sont reçues dans une maison aux volets fermés. Les opérations se déroulent dans une simple chambre. "Vous n'êtes pas médecin?", demande la fausse patiente. "Non, je suis infirmière. On peut, je suis formée par des médecins", rétorque la personne qui propose les supposés traitements.
Faux, selon le Conseil supérieur de la Santé. Seuls les médecins peuvent injecter du botox, de l'acide d'hyaluronique et des produits de comblement. Toute autre personne qui réalise ces traitements, peut être poursuivi pour exercice illégal de la médecine. Jean Hebrant est le président de la société belge de médecine esthétique. Il faut savoir : "Figurez-vous que même un médecin qui n'a pas suivi une formation en médecine esthétique ne peut pas poser un acte de médecine esthétique. On s'adresse à une médecine bien spécifique, avec des règles, un savoir de base et ce autant sur l'anatomie que sur les produits."
Il est vivement conseillé de porter plainte si vous êtes victime d'une telle pratique ou mieux, de ne pas passer par des annonces douteuses.
Le prix à payer de ne pas accepter son corps... Le ou la seule responsable est la personne qui demande. Point barre !
Bernard Bernier