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Covid-19: la reprise épidémique se confirme en France

Baisse des températures, vaccination qui plafonne, relâchement des gestes barrières : les conditions sont réunies pour favoriser une reprise épidémique qui se confirme en France, après avoir déjà gagné une bonne partie de l'Europe.

"Toutes les régions sont touchées", résume Patrick Rolland, de la direction des régions de Santé publique France.

Jeudi, l'agence nationale de santé publique faisait ainsi état de 9.502 nouveaux cas et d'un taux de positivité de 2,2% sur les sept derniers jours. Une semaine auparavant ce taux, qui mesure la proportions de cas parmi les personnes testées, n'était que de 1,8%.

Cette reprise s'est amorcée depuis le mois dernier, comme en témoignent d'autres indicateurs. La semaine du 25 octobre, le taux d'incidence, qui rapporte le nombre de nouveaux cas à l'ensemble de la population, s'inscrivait déjà en hausse de 12% par rapport à la semaine précédente.

"Ce taux d'incidence est en hausse pour la troisième semaine consécutive", précise à l'AFP Nicolas Methy, épidémiologiste à Santé Publique France.

Autre indicateur clé : le taux de reproduction, qui mesure le nombre moyen de cas secondaires provoqués par une seule personne infectée, est "au-dessus de 1" depuis trois semaines également, un seuil qui marque une relance de l'épidémie.

Le masque est d'ailleurs redevenu obligatoire cette semaine dans les écoles de 39 départements où les élèves avaient pu l'ôter.

Comment expliquer ce regain ?

"C'était prévisible" pour plusieurs raisons, a avancé vendredi sur France 2 Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon. "La vaccination : elle plafonne, on n'a pas fait le plein. Les conditions hivernales : moins de ventilation, plus de regroupements, et la baisse des gestes barrières".

Côté vaccination, la France est en avance sur nombre de ses voisins avec près de 75% de sa population ayant reçu un schéma complet.

Mais la cadence de l'été est retombée, avec l'impression d'avoir désormais atteint un plafond de verre.

- "C'est maintenant que ça se joue" -

Cette reprise épidémique n'est donc pas une surprise. "On pouvait s'y attendre à la rentrée, compte tenu de la contagiosité du variant delta, de l'efficacité vaccinale, qui ne suffit pas à elle seule à contenir l'épidémie, et d'une couverture vaccinale incomplète", dit à l'AFP l'épidémiologiste Mircea Sofonea.

La question était plutôt de prédire quand aurait lieu ce rebond. Il arrive en France plus tard que dans d'autres pays européens, notamment ceux de l'Europe de l'Est, beaucoup moins vaccinés. Ou même que chez les voisins du Nord, comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, où le froid est arrivé plus tôt, et dans une certaine mesure l'Allemagne, moins vaccinée.

Jeudi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est alarmée du rythme "très préoccupant" de transmission du Covid-19 en Europe, qui pourrait déboucher sur un demi-million de morts supplémentaires sur le continent d'ici février.

La situation française est-elle si inquiétante ? "Pas pour le moment", rassure Mircea Sofonea, car "on connaît maintenant les leviers pour agir". Parmi les réponses possibles figurent une vaccination qu'il faut encore pousser, et le maintien des gestes barrières : "C'est maintenant que ça se joue", insiste l'épidémiologiste.

"Si on reste au niveau de circulation actuel du virus, on peut espérer que l'activité hospitalière augmente sans envisager de saturation", souligne Mircea Sofonea. Mais "si le taux de reproduction continue à augmenter, il pourrait y avoir des situations de tension localement", nuance-t-il.

Déjà, dans le département rural de la Creuse, la préfecture a appelé jeudi à ne pas relâcher les efforts sur la 3e dose de vaccin et les gestes barrières, après une flambée de cas de Covid-19 qui pourrait être liée à la tenue de plusieurs événements festifs pour les retraités.

A Bordeaux, un foyer épidémique a été décelé au sein de l'hôpital St-André du CHU, un cluster qui concerne 16 professionnels de santé et 9 patients.

Dans ce contexte de plus en plus tendu, un conseil de défense pourrait avoir lieu la semaine prochaine.

En attendant, "ce n'est pas le moment de baisser la garde", a affirmé vendredi le Premier ministre Jean Castex au CHU de Montpellier.

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