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Martine fait partie de ces personnes dont la vie est marquée pour toujours par le Softenon. Ce médicament était utilisé durant les années 60 comme sédatif et anti-nauséeux, notamment chez les femmes enceintes. Il s'est avéré qu'il provoquait de graves malformations congénitales, les bébés naissant avec des membres estropiés. Nous avions suivi son combat pour obtenir une reconnaissance et un dédommagement de l’État, une bataille qu’elle a d’ailleurs gagnée pour elle et les membres de son association.
Mais désormais Martine a le moral à plat. Des conséquences sociales de son handicap se font en effet ressentir en ces temps de confinement et font resurgir des moments de doutes qu’elle avait réussi à mettre derrière elle. "Je suis en colère ! A trois reprises, dans trois magasins différents on m'a empêché de rentrer parce que je ne sais pas pousser un caddie. C'est tout simplement de la discrimination", clame-t-elle.
La première fois, Martine raconte être arrivée avec son sac de course et le gardien lui aurait signifié qu'elle devait prendre impérativement un caddie. Malgré lui avoir objecté qu'elle ne savait pas l'utiliser à cause de son infirmité, et encore moins prendre les courses qu'elle mettrait dedans, Martine n'a pas pu faire fléchir son interlocuteur: rien à faire, les règles sont les règles.
La même rigueur se serait reproduite dans une jardinerie où elle était pourtant accompagnée. "C'était le pire!", rapporte Martine, relatant que la commerçante lui a même présenter un papier avec les directives gouvernementales. "Mais je n'y peux rien moi si je n'arrive pas à pousser ces foutus caddies!", réagit-elle.
Martine s'interroge sur une société où les faibles sont insuffisamment protégés et où des règles ne s'accompagnent pas de bon sens, d’exception et de souplesse.
Avant de souligner malgré tout qu'un jour, un garde lui a dit: "Ne vous inquiétez pas madame...vous pouvez rentrer, nous n'allons pas vous embêter. Vous avez déjà eu assez de malheurs comme ça dans votre vie."



















