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JO-2018: le triomphe de l'Asie, avec trois rendez-vous olympiques consécutifs

Les JO d'hiver qui débuteront le 9 février à Pyeongchang en Corée du Sud inaugureront une série de trois rendez-vous olympiques consécutifs en Asie: une ferveur qui contraste avec les hésitations occidentales face à ces coûteux événements sportifs.

Après le rendez-vous olympique du mois prochain, Tokyo accueillera les Jeux d'été en 2020, et Pékin ceux d'hiver en 2022.

La Corée du Sud (Séoul 1988), le Japon (Tokyo 1964, Sapporo 1972, Nagano 1998) et la Chine (Pékin 2008) ont déjà organisé des JO. Mais leur appétit reste visiblement intact.

En Occident en revanche, l'enthousiasme olympique semble s'effriter. Un phénomène qui s'est confirmé lorsque Rome, Hambourg et Budapest ont retiré, après des atermoiements, leur candidature pour l'obtention des JO d'été 2024.

En septembre, Paris a finalement remporté la bataille. Et Los Angeles, candidate malheureuse, s'est immédiatement vue attribuer par le Comité international olympique (CIO) les Jeux de 2028: cette décision prise avec quatre ans d'avance sur le calendrier a été perçue comme un moyen de confirmer un gros candidat pendant qu'il était encore temps.

Car ces trois Jeux consécutifs en Asie montrent que "l'équilibre des pouvoirs dans le monde a basculé", analyse Mark Dreyer, un expert du sport chinois basé à Pékin.

"Si on avait trois JO consécutifs en Occident, les gens ne trouveraient pas ça particulièrement extraordinaire", poursuit M. Dreyer, fondateur du site internet d'information China Sports Insider.

"Mais ces pays d'Asie sont capables de candidater pour ces événements" alors même que ces derniers "coûtent énormément d'argent, et font souvent perdre énormément d'argent. Ces pays asiatiques en sont désormais capables bien plus que les pays occidentaux."

- 'Pas le choix' -

Autre élément à prendre en compte selon Victor Cha, directeur des études chinoises à l'université américaine de Georgetown: la divergence de perception des Jeux.

"En Asie, (l'organisation) des JO est vue comme un indicateur de développement", juge-t-il.

L'obtention des Jeux d'été de 2008 par Pékin a été décrochée après une farouche compétition: la capitale chinoise a dû écarter des rivaux comme Toronto, Paris, Istanbul ou encore Osaka.

La tâche fut bien plus aisée pour les JO d'hiver de 2022. Seule la ville kazakhstanaise d'Almaty lui était opposée, après des abandons en série d'autres cités candidates.

"Tout le monde est conscient qu'avoir trois JO consécutifs dans la même zone, ce n'est pas idéal pour quelque chose qui est l'événement majeur du sport mondial", souligne Mark Dreyer.

"Je pense que le CIO n'avait tout simplement pas le choix."

Marcus Luer, le fondateur de Total Sports Asia, agence de marketing sportif basée en Malaisie, abonde: le comité olympique hésitait sans doute à confier les Jeux 2022 à Almaty, considérée comme une alternative risquée à Pékin, déjà expérimenté.

"Et des JO d'hiver en Chine, ça peut sembler logique: les sports d'hiver sont encore là-bas plutôt nouveaux et ça ne passionne pas grand monde. Donc offrir les sports d'hiver à la vue d'un pays de 1,4 milliard d'habitants, c'est un choix intelligent."

"Globalement, tout le monde dans l'industrie des sports d'hiver va en bénéficier."

- Objectif Mondial ? -

Selon Mark Dreyer, c'est depuis l'obtention en 2001 par la Chine de l'organisation des JO-2008 que tout a véritablement changé.

"Ils se sont engagés dans une offensive sportive, afin d'accueillir un tas d'événements importants, mais aussi des compétitions de sports plus modestes qui n'ont pas vraiment l'embarras du choix en termes de villes organisatrices. Et ils viennent tous en Chine."

"Plus que tout autre chose, pour la Chine, c'est une question de prestige", note-t-il.

Seule une compétition majeure échappe pour l'instant à Pékin: la Coupe du monde de football.

Mais pour nombre d'experts, ce n'est que temporaire: le président chinois Xi Jinping a publiquement déclaré sa volonté d'accueillir le Mondial. Et la Chine semble bien partie pour décrocher celui de 2030.

"C'est la finalité" que recherche Pékin, "ça ne fait aucun doute", estime Mark Dreyer.

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