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Le sort du dernier gorille en captivité de Thaïlande, exposé dans un centre commercial de Bangkok depuis une trentaine d'années, continue de susciter la controverse dans le royaume, où la cause animale se heurte aux intérêts du tourisme.
"Libérez Bua Noi!": un graffiti sur les murs de l'immeuble qui abrite aux 6e et 7e étages le zoo de Pata, a rappelé début mars de mauvais souvenirs aux gérants du site contesté, qui ont proposé une récompense d'environ 2.700 euros pour des informations menant au coupable.
Les défenseurs de la cause animale, dont la célèbre chanteuse américaine Cher en 2020, militent depuis des années pour "Bua Noi" ("Petit Lotus" en thaï), qui vit sans la possibilité de voir le jour.
Agée de plus de trente ans -- un gorille peut vivre jusqu'à 50 ans en captivité --, elle est la dernière représentante de son espèce visible dans le royaume, où celle-ci n'existe pas à l'état sauvage.
Les détracteurs du zoo pointent du doigt ses conditions de captivité, symboliques d'un pays où la cause animale peut être sacrifiée pour attirer les touristes, friands de passer un moment avec des espèces exotiques.
L'animal "souffre d'une détresse psychologique extrême", a dénoncé l'association de défense des animaux Peta.
"Elle a besoin d'être avec les siens, ou au moins à l'air libre avec la possibilité de voir des choses, de sentir la nature, de voir les oiseaux voler", a expliqué à l'AFP Edwin Wiek, fondateur du groupe de défense de l'environnement Wildlife Friends Foundation Thailand.
- Rumeurs de vente -
Les autorités ont passé des nouvelles lois pour protéger les espèces indigènes, mais celles-ci ne s'appliquent pas forcément à des structures privées comme le zoo de Pata.
Le zoo a demandé un renouvellement de sa licence d'exploitation, a déclaré Padej Laithong, directeur de l'autorité de conservation des espèces sauvages.
Mais pour le responsable, les inquiétudes portent surtout sur les normes anti-incendies, dont le respect jugé laxiste est à l'origine de nombreux drames en Asie du Sud-Est ces dernières années.
"Tous ces détails doivent être réglés avant que la licence soit renouvelée, suspendue ou révoquée", a-t-il assuré.
Les week-ends, les familles continuent de visiter le zoo de Pata, où "Bua Noi" partage l'affiche avec un orang-outan, des perroquets et des chèvres.
La direction du site, qui n'a pas répondu aux appels de l'AFP, a dénoncé dans un communiqué des attaques venues de l'étranger.
"Aucun citoyen d'aucun pays n'a attaqué leur pays sur le sujet des gorilles, sauf en Thaïlande", a-t-elle écrit en réponse à l'incident du graffiti, assurant que la gorille était bien traitée, et qu'elle coûtait plus que ce qu'elle rapportait.
Les activistes leur ont répondu qu'une cage n'était pas adaptée pour un gorille, animal social qui vit en groupe à l'état sauvage.
Le zoo avait nié en 2022 des rumeurs de vente du primate.