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"Avatar: la voie de l'eau" est loin d'être le seul film à défendre l'environnement aux Oscars: au-delà de la fable écologique de James Cameron, située sur la planète imaginaire de Pandora, certains documentaires nommés alertent sur la destruction bien réelle de la Terre.
De la pollution opaque de New Delhi en Inde à la disparition de la banquise en Sibérie, "Tout ce que nous respirons" et "Haulout" s'attaquent chacun à des sujets complexes pour souligner les ravages du changement climatique causés par l'homme et sa dépendance aux énergies fossiles.
Issus du peuple Iakoute, Maxim Arbugaev et Evgenia Arbugaeva proposent un court-métrage sur la catastrophe qui frappe les morses de leur Sibérie natale, à cause de la fonte des glaces.
Intitulé "Haulout", leur film suit le biologiste marin Maxim Chakilev, chargé d'étudier la migration de cette espèce sur l'austère côte arctique de la Russie. Il comporte des images saisissantes: devant la cabane du scientifique, 100.000 morses s'entassent soudain sur une plage auparavant déserte.
Fascinant, ce spectacle révèle plus tard une triste réalité: les corpulents mammifères s'agglutinent là car ils n'ont plus d'autre choix, à cause du recul de la banquise. Et cette surpopulation a des conséquences mortelles, car ils s'écrasent entre eux.
Premiers créateurs iakoutes à être nommés aux Oscars, les deux réalisateurs espèrent "contribuer à cette conversation sur l'état désastreux de notre planète", explique à l'AFP Mme Arbugaeva.
Frère et sœur, le duo est aux premières loges pour constater les effets du réchauffement.
"Parler depuis la terre natale, je pense que c'est très, très important", poursuit la réalisatrice. Pour elle, avoir une perspective locale permet d'atteindre "quelque chose de très personnel (...), on parle de son propre cœur et du cœur de sa communauté qui se brise."
- Oiseaux en détresse -
Avec "Tout ce que nous respirons", Shaunak Sen plante lui son décor en Inde.
Ce long-métrage explore l'impact dévastateur sur les animaux de la pollution à New Delhi, où l'air est l'un des plus viciés du monde.
Le documentaire suit trois hommes dans une clinique vétérinaire autofinancée, qui soignent quelques-uns des centaines d'oiseaux se fracassant quotidiennement sur le sol à cause du brouillard toxique autour de la capitale indienne.
Chaque jour, des caisses entières de rapaces blessés arrivent dans leur sous-sol. Le trio réalise même un audacieux sauvetage d'un oiseau à l'aile brisée en pleine rivière.
"Des centaines d'oiseaux tombent du ciel chaque jour. Ce qui m'étonne, c'est que les gens continuent comme si tout était normal", dit l'un des hommes à sa femme.
Le film aborde également la façon dont les oiseaux ont appris à se nourrir d'ordures, à ramasser les mégots de cigarettes pour repousser les parasites, et à chanter plus aigu pour communiquer par-dessus la circulation bruyante de Delhi.
Ce documentaire tente d'amener le public à "considérer l'enchevêtrement de la vie humaine et non-humaine", confie son réalisateur à l'AFP.
Car au-delà de l'air âcre, de nombreux oiseaux sont aussi blessés par les ficelles des cerfs-volants en bois dont les Indiens sont friands.
- Nouvelles perspectives -
Pour M. Sen, "il devrait y en avoir beaucoup plus" de documentaires sur l'environnement, "compte tenu de l'attention requise par la condition de la planète".
Le réalisateur exhorte les autres cinéastes à adopter de nouvelles perspectives, pour mettre en scène "des histoires plus sophistiquées qui nous font penser à la planète", plutôt que de se concentrer sur "la morosité, le malheur et le désespoir".
Son film commence par un plan sur un tas d'ordures et révèle progressivement la faune et la flore qui ont appris à prospérer dans ce milieu sordide.
A l'inverse, "Haulout" s'ouvre sur la beauté de la nature, avant de dévoiler la tragédie engendrée par la disparition de la banquise: les morses arrivent épuisés sur une plage bondée, où beaucoup succombent sous le poids de leurs congénères.
Dans une scène déchirante, un petit morse mal nourri se frotte contre le corps de sa mère morte, avant de tenter faiblement de nager vers l'océan.
Lors du tournage, "mes mains tremblaient parce que j'étais tellement émue, je pleurais, la caméra n'était pas stable", se souvient Mme Arbugaeva. "Parfois, certaines séquences n'étaient pas utilisables. Des moments clés, cruciaux. Mais c'est juste très difficile".