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"La seule chose que je veux, c'est monter sur scène": comment Michel Fugain séduit-il encore le public après 60 ans de carrière ?

À plus de 80 ans, Michel Fugain parvient encore à fédérer les foules. Entre sincérité, passion et générosité, il nous dévoile les clés de son succès.

RTL Info : Vous allez nous parler de cet album qui s'appelle "La vie, l'amour, etc.". Pourquoi "etc." ?

Michel Fugain : Vous y mettez tout ce que vous voulez dans cet "etc.". C’est une manière d’évoquer l'expression "la vie, l’amour, la mort", mais je ne voulais pas afficher le mot "mort" sur la pochette de l'album ni sur les affiches. Mais bon, cet "etc." commence vers 50 ou 60 ans.

Vous avez toujours l'envie de chanter, de composer et d’écrire ?

Oui, toujours. Ça ne part pas. En fait, j’ai de plus en plus envie. Quand je parle de l’album, la seule chose que je veux, c'est monter sur scène et chanter. Depuis qu'on l'a sorti, je sais déjà que je vais me remettre rapidement au travail pour un prochain album. Celui-là n’était pas prévu, mais il est devenu un peu indispensable.

On entend souvent les artistes dire qu’ils veulent continuer "peu importe l'âge ou les années de carrière". Est-ce aussi votre cas ? Qu’est-ce qui vous motive ?

Ce qui me motive, c’est d’alimenter le spectacle, toujours. Mais c’est aussi instinctif, comme pour un scorpion : c’est plus fort que moi.

Votre morceau "Paris", est-ce une déclaration d’amour à cette ville ?

Oui, à une ville qui n’est plus tout à fait la même, mais que je garde en mémoire. Quand je suis arrivé à Paris en 1963, on pouvait se garer où on voulait. Ce n’était pas encore un parking. Cette chanson est aussi un peu opportuniste : avec les Jeux Olympiques, je me suis dit que ça pouvait éclairer ce morceau et alimenter cette image. Mais en cherchant sur Internet, j’ai vu que maintenant les chansons disent "Paris, tu pues" ou "Paris, je t’aime plus". Moi, j’ai voulu célébrer le Paris éternel, celui que les touristes viennent voir. Et d’ailleurs, pendant les JO, il y avait cette pub qui passait en boucle pour vendre une voiture : "Paris, ville des amoureux".

Il a fallu attendre 10 ans avant cet album, pourquoi cette longue attente ? 

Je n’en avais pas besoin. J’ai déjà beaucoup de chansons, plus de 300 déposées chez Believe, le fournisseur des plateformes. Mais là, pour faire évoluer le spectacle, il me fallait de nouvelles chansons. Et puis, les chansons se répètent et se répondent.

Une question qu’on se pose en écoutant cet album : comment faites-vous, à plus de 80 ans, pour garder une voix aussi intacte ?

Je chante tout le temps, je m'en sers tout le temps. Je suis un tchatcheur, donc je parle beaucoup et je me sers donc de ma voix, car la voix parlée, la voix chantée, c'est la même, contrairement à ce que beaucoup de chanteurs pensent. Et donc, je fais travailler les deux muscles que sont les cordes vocales.

Cet album annonce une tournée. Vous serez à Malmedy, Liège, Charleroi, Mons, Bruxelles en avril. Vos grands tubes seront-ils au programme ? Comment choisissez-vous parmi toutes vos chansons ?

Il y a des chansons que je ne peux pas ne pas faire. Mais c’est la manière de les présenter qui compte. Si je devais chanter les mêmes chansons depuis 50 ans sans rien dire d’autre, je m’ennuierais profondément. Alors, on déconne autour des chansons, des auteurs aussi. Je parle de Pierre Delanoë et Maurice Vidalin, mes pères fondateurs.

Une chanson que vous interprétez souvent en rappel est "Pourquoi je chante". C’est un moment apprécié du public ?

Oui, d’autant plus que je leur dis : "Ne partez pas, j’ai un dernier mot à vous dire". Cette chanson répond à une question que je me pose moi-même : "Pourquoi je chante encore ? C’est quoi chanter ?". Elle parle aussi de ce que signifie être artiste dans une société, je dis tout ce que j'ai à dire. Je n'ai qu'une arme, la musique.

On peut dire que tout est résumé dans une chanson plus ancienne : J’ai chanté.

Cette chanson a été écrite par Maxime Le Forestier. Je lui avais demandé une chanson, et il m’a envoyé celle-là.

Pensez-vous que cette chanson dit tout de vous ?

Il y a plusieurs chansons qui le font. Mais la plus emblématique, je crois, c’est "Chante comme si tu veux mourir demain". C’est une attitude que j’ai adoptée et que je souhaite à tout le monde. Un spectacle parle d’un homme. À la fin de la soirée, le public sait qui est la personne qu’il a vue sur scène poendant deux heures.

Comment réussissez-vous à fédérer un public multigénérationnel qui grandit avec vous ?

C’est difficile de parler de soi, mais je pense qu’ils me connaissent. Ils savent que je suis honnête, généreux, et que je ne raconte pas d’histoires. Après 60 ans d’interviews, ils savent que la seule chose qui m’intéresse, c’est l’être humain.

Vous ne vous êtes jamais dit : "Je suis trop cash, je devrais être plus lisse" ?

Non, mais mon entourage me le dit parfois. Pas "Tu n'aurais pas dû", mais plutôt : "T’es con ou quoi ?".

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