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D'abord violoniste, danseur, puis créateur d'escape-games, le Toulousain Boris Paturet est devenu un "homme oiseau" en se lançant dans la wingsuit acrobatique à la quarantaine, attrapant au vol un premier titre mondial pour la France dans ce sport extrême encore méconnu.
"Dès qu'il se prend de passion pour quelque chose, il y va à fond", sourit son coéquipier Nicolas Minvielle, 34 ans, qui danse avec lui dans le ciel.
Avant de décoller, les deux acolytes répètent au sol, s'attrapant les mains, mimant le saut de l'avion sur une structure en métal...
"On part sur le dos et là, on plonge, on peut tenter une boucle arrière... -Non non, avec la force du vent on risque de se cogner s'il y en a un devant", négocient-ils.
Une fois dans les airs, plus le temps de réfléchir: si leur combinaison ailée, la "wingsuit", leur permet de planer plus longtemps qu'en chute libre, ils n'ont environ que deux minutes pour enchaîner les figures en vol, avant de déployer leur parachute à 1.000 mètres du sol au minimum.
L'objectif est de faire un maximum de figures, si possible inédites, en agrippant régulièrement l'un à l'autre.
-Vice-champion du monde-
Boris Paturet, 43 ans, est "la caution créative du groupe", assure Nicolas Minvielle, qui trouve qu'il "apprend les mouvements à une vitesse incroyable".
"Dans le violon, il y a des mouvements précis: si on se trompe d'un millimètre, ce n'est plus la bonne note, donc je pense que j'ai appris à mémoriser des sensations", estime Boris Paturet, qui a intégré à six ans le conservatoire de Toulouse et a commencé sa carrière dans des orchestres.
À 20 ans, il lâche la musique pour se consacrer à une passion familiale: la danse. Il ouvre un studio de danse à deux à Ramonville, en périphérie de Toulouse, où ses parents ont leur propre salle.
"Le fait d'avoir été prof' de danse pendant 17 ans m'obligeait à expliquer les mouvements aux gens, à les décomposer, et c'est utile aujourd'hui aussi en wingsuit pour comprendre un mouvement", analyse-t-il.
En août, quatre ans seulement après avoir commencé la wingsuit, Boris, Nicolas et leur caméraman Aurélien Sadorge -lui aussi en wingsuit- ont ainsi décroché la deuxième place lors de la Coupe du monde à Prostejov, en République tchèque, derrière l'équipe allemande et devant les Américains.
"C'était la première fois qu'on présentait une équipe de France en wingsuit acrobatique et leurs performances ont été au-delà de nos espérances", confie Jean-Michel Poulet, directeur technique de la Fédération française de parachutisme.
-"Créateur"-
"Boris est un créateur, il aime bien partir de zéro et monter tout un projet... Mais quand ça roule, il peut aussi tout lâcher pour un nouveau défi", s'amuse le caméraman Aurélien, 44 ans, qui connaît Boris depuis plus de dix ans.
Il cite en exemple les deux salles d'escape game qu'a créées Boris en 2016, à Toulouse et à Nice: "Il s'est amusé à imaginer les énigmes mais une fois que c'était lancé, il a vendu."
Célibataire et sans enfant, Boris Paturet consacre une grande partie de sa vie au sport, "tout ce qui glisse", précise-t-il: il a rencontré Aurélien grâce au kitesurf et Nicolas en wakeboard.
En wingsuit, il retrouve cette "sensation de glisse, plutôt que de chute" dans le vol.
Pour faire de la compétition et payer les combinaisons et parachutes à plus de 2.000 euros, c'est lui qui est allé chercher des sponsors: plutôt que la marque autrichienne de boissons énergétiques Red Bull, géant du parrainage des sports extrêmes, il a demandé à Cacolac, marque bordelaise de lait chocolaté, de les aider. La Team Cacolac est née.
Désormais, Boris vise le titre de champion du monde et souhaite que la wingsuit soit reconnue comme sport de haut niveau après les prochains Jeux Olympiques, ce qui permettrait de mieux organiser la formation des sportifs et les compétitions.
"On a commencé à aider des équipes qui se montent, on espère qu'il y en aura de plus en plus pour qu'on se tire un peu plus la bourre en compétition", souligne-t-il.