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Accusé d'agressions sexuelles par quatre hommes, l'acteur américain Kevin Spacey est resté impassible vendredi à son procès à Londres où l'accusation l'a décrit comme un "harceleur sexuel" ayant profité de son influence pour parvenir à ses fins.
La star hollywoodienne a plaidé non coupable pour l'ensemble des 12 charges d'agressions sexuelles sur quatre hommes entre 2001 et 2013, notamment à partir de 2004 lorsqu'il était directeur du théâtre londonien Old Vic.
Kevin Spacey est "un homme qui ne respecte pas les limites ou l'espace personnel", qui "aime rendre les autres (...) mal à l'aise, un harceleur sexuel", a affirmé d'entrée de jeu la représentante du Crown prosecution Service (CPS, le parquet britannique), Christine Agnew.
Après la sélection du jury et l'énoncé des charges mercredi, la parole était vendredi matin à l'accusation, qui a détaillé les agressions que les quatre hommes, qui ne peuvent être identifiées selon la loi anglaise, disent avoir subies.
L'acteur, deux fois oscarisé pour ses rôles dans "American Beauty" et "Usual Suspects", aurait "touché (l'un d'eux) de manière inappropriée (...) tentant d'attraper ses fesses". "A plusieurs occasions, Kevin Spacey a attrapé les parties génitales (de cet homme) à travers ses vêtements", sans son consentement, a-t-elle ajouté.
Une autre victime présumée qui avait 28 ans au moment des faits, affirme avoir rencontré l'acteur dans un théâtre en 2005 et que celui-ci lui a "atrappé le pénis avec une telle force que cela lui a fait mal", a encore détaillé l'accusation.
Un troisième homme, rencontré par l'acteur dans un pub un soir de 2013 avant d'aller ensemble à une fête, accuse l'acteur de lui avoir saisi et serré l'entrejambe avec sa main, après l'avoir embrassé dans le cou, malgré son refus.
Enfin, un acteur débutant de 23 ans aurait été agressé en 2008. Selon l'accusation, la victime présumée, après avoir été invité par Kevin Spacey à prendre un verre dans un appartement, s'est endormie puis réveillée lorsqu'elle a réalisé que l'acteur était en train de lui faire une fellation.
Malgré son refus, il aurait continué et la victime l'aurait repoussé, avant de quitter l'appartement.
Ecoutant ses accusations, l'acteur est resté impassible dans le box vitré des accusés de la Southwark Crown Court, où il comparait libre. Un peu plus tôt, il était arrivé souriant, vêtu d'un costume gris et d'une cravate jaune.
- "inventé et déformé" -
Les quatre hommes ont affirmé durant l'enquête ne pas avoir osé parler plus tôt, l'un d'eux indiquant par exemple "qu'il n'était pas sûr d'être cru, et que même s'il l'avait été, il ne pensait pas qu'il aurait été soutenu", a expliqué l'accusation.
Ces accusations ont émergé en 2017 au début du mouvement #MeToo, au moment où Kevin Spacey était au sommet de sa gloire, interprète principal de la série à succès de Netflix "House of Cards". Dans la foulée, il a été débarqué de la série et d'autres projets auxquels il devait participer.
Lors de l'enquête, Kevin Spacey a démenti ces accusations, estimant que certaines ont été "inventées" et que d'autres actes décrits étaient "consensuels", a indiqué Christine Agnew. M. Spacey a aussi estimé que certaines victimes présumées chercheraient à obtenir une compensation financière en intentant ce procès.
S'exprimant juste après, l'avocat de l'acteur, Patrick Gibbs, a estimé que le procès permettrait de clarifier "ce qui s'est passé, (...) ce qui a été inventé ou déformé et pourquoi et quand, car tout cela (...) s'est passé il y a longtemps".
"Kevin Spacey était riche et influent", a-t-il ajouté, demandant aux jurés de s'interroger sur les intentions des victimes présumées. "Qu'attendaient-elles de sa richesse et de son influence? Et qu'attendent-elles aujourd'hui? ", a-t-il demandé, affirmant que la question du consentement serait un sujet essentiel du procès.
Egalement accusé d'agressions sexuelles aux Etats-Unis, Kevin Spacey a été jugé l'an dernier non coupable par un tribunal civil new-yorkais. Et en 2019, les poursuites avaient été abandonnées dans une autre affaire.