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La maison d'édition française La Fabrique a dénoncé mardi l'arrestation d'un de ses collaborateurs qui s'était opposé à un contrôle à son arrivée à Londres pour un salon littéraire, affirmant avoir été interrogé sur sa participation à des manifestations.
Un porte-parole de la Metropolitan Police de Londres a confirmé le contrôle lundi soir vers 19H30 heure locale (18H30 GMT) d'un homme de 28 ans à la gare de Saint-Pancras où arrivent les trains Eurostar en provenance de Paris, en vertu de l'article de la loi sur le terrorisme de 2000 permettant d'interroger les voyageurs traversant la frontière.
Mardi, "l'homme a été placé en garde à vue, soupçonné de s'être volontairement opposé à un contrôle (...) et reste en détention", a-t-il ajouté.
Il a finalement été libéré sous caution, a indiqué le porte-parole en fin d'après-midi.
Dans un communiqué, La Fabrique assure que son collaborateur, Ernest, responsable des droits étrangers, se rendait à la Foire aux livres de Londres et a été placé en garde à vue pour avoir refusé de fournir aux policiers ses codes d'accès à son téléphone et à son ordinateur portable.
"Pour justifier cette décision, les policiers ont argué du fait qu’Ernest aurait participé à des manifestations en France. Une telle déclaration de la part d'un policier britannique est tout à fait insensée et semble clairement indiquer une complicité avec les autorités françaises", a dénoncé l'éditeur.
La Fabrique est un éditeur indépendant engagé à gauche, qui publie en France des essais de collectifs, de la militante américaine Angela Davis ou encore des philosophes français Jacques Rancière ou Frédéric Lordon.
Parmi ses derniers ouvrages parus, un essai sur "Sciences-Po" en tant qu'école de la domination et un autre sur comment "décoloniser" les musées.
Le syndicat britannique de journalistes NUJ a dénoncé une arrestation "extrêmement préoccupante".
"Il semble extraordinaire que la police britannique agisse de cette manière en citant la législation sur le terrorisme pour arrêter un éditeur venu pour des raisons professionnelles légitimes".
Des rassemblements de protestation étaient prévus mardi soir devant l'ambassade du Royaume-Uni à Paris et l'Institut Français de Londres.