Partager:
Mettre fin d'ici 2030 aux nouveaux cas de VIH et de sida dans le monde. Est ce réaliste ? Où en sont les progrès et les traitements en la matière ?
Jeanne est porteuse du VIH. Elle utilise un prénom d'emprunt et ne dévoile pas son visage. Elle a été diagnostiquée voici maintenant 36 ans. Mais aujourd'hui encore, elle préfère conserver l'anonymat : "Effectivement, il y a encore beaucoup ou de rejet. J'ai l'impression que les images des années 80 sont restées gravées dans l'esprit des gens. Mon message, c'est vraiment de pouvoir considérer les personnes vivant avec le VIH comme n'importe qui, comme une personne normale", nous déclare-t-elle.
Le virus s'attaque au système immunitaire. Sans traitement, il conduit au sida. En 2020, le sida a fait 99 décès.
Mais, l'évolution de la situation sanitaire est encourageante. Il y a eu 1000 nouveaux diagnostics de VIH 2012, soit 400 de moins que 10 ans plus tard. 270 nouveaux cas de sida ont été détectés en 2005, contre 42 l'an dernier.
"Maintenant, l'espérance de vie d'une personne vivant avec le VIH est proche de la population générale", se réjouit Thierry Martin, directeur de la "Plateforme prévention Sida". Mais il nuance: "Il faut quand même rappeler, néanmoins, que vieillir avec le VIH, c'est est aussi, malheureusement s'exposer à d'autres problèmes de santé, comme des problèmes d'hypertension cardio vasculaire. C'est ces problèmes là qui font qu'à un moment donné aussi, vieillir avec le VIH reste compliqué".
Au niveau mondial aussi, les progrès sont conséquents. Mais on dénombrait encore l'an dernier 39 millions de personnes vivant avec le virus.
Peut-on dès lors espérer atteindre l'objectif de 2030, à savoir éradiquer le VIH et le sida ? En 40 ans, les traitements ont évolué. Désormais plus efficaces, parfois même préventifs.
Mais ce qu'il faut aussi, c'est renforcer le dépistage, insiste Trésors Kouadio, responsable "dépistages" de la "Plateforme Prévention Sida" : "Toute personne n'a pas les moyens de se payer des tests de laboratoire pour un test VIH. Il y a aussi pour moi la question de l'information et de la perception du risque".
D'autres freins au depistatge existent : "Il y a aussi la question de la confidentialité. Certaines personnes nous disent clairement 'moi, je ne me sens pas capable. Je ne fais pas confiance à mon médecin généraliste ou à l'hôpital, par exemple, pour demander un dépistages, au risque que si jamais je suis séropositif, toute ma communauté le sache'", rapporte Trésors Kouadio
"Si on veut éradiquer le sida, il faut à un moment donné aussi qu'il y ait une volonté politique", estime Thierry Martin. "Concrètement, mettre de l'argent sur la table pour que tout le monde puisse avoir accès de manière équitable à ces outils. Si c'est le cas, on y arrivera. Mais, je pense que d'ici 2030, en tout cas, ce ne sera pas possible", avance le directeur.
Jeanne préfère garder espoir. Elle milite aussi pour l'éradication de la discrimination envers les personnes séropositives.