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Dans le cadre d'une étude menée en partie dans des hôpitaux belge, le groupe pharmaceutique danois Novo Nordisk teste ses injections amaigrissantes sur des enfants de 6 à 12 ans, après des résultats positifs sur des adolescents et des adultes, rapportaient samedi L'Echo et De Tijd.
Ozempic, produit phare de Novo Nordisk, est à l'origine un médicament contre le diabète, mais il est surtout connu pour son effet coupe-faim. Les personnes qui s'en injectent chaque semaine peuvent perdre jusqu'à 15% de leur poids, selon une étude SELECT réalisée en l'espace de quatre ans, et qui a fait appel à 17.000 personnes.
Depuis l'été, une étude est menée pour déterminer si le semaglutide, l'ingrédient actif d'Ozempic, peut être utilisé chez les mineurs. Pour les personnes obèses, Novo Nordisk a développé une variante à Ozempic - Wegovy - mais elle n'est pas encore sur le marché en Belgique. Le médicament est également étudié chez les enfants. Le programme de recherche Step Young est en cours dans des hôpitaux universitaires de Bruxelles, de Louvain et d'Anvers. Novo Nordisk souhaite ainsi déterminer si les injections de 2,4 milligrammes de semaglutide sont sûres et efficaces pour les enfants de 6 à 12 ans.
La Belgique est l'un des dix pays participants à cet essai, qui vise à recruter 210 sujets dans le monde entier. Seuls les enfants dont l'IMC (indice de masse corporelle) dépasse un certain seuil sont éligibles. Karolien Van De Maele, coordinatrice de l'équipe multidisciplinaire de lutte contre l'obésité à l'UZA, se réjouit de la conduite de cette étude mais espère cependant que le gouvernement se penchera bientôt sur la traitement de l'obésité. En attendant, elle invite les médecins à faire preuve de retenue: "Le semaglutide est un médicament spécialisé. Il n'est destiné qu'aux personnes en surpoids important qui ne parviennent pas à maigrir suffisamment en dépit d'une bonne motivation et d'un suivi à long terme. L'accompagnement par une équipe pluridisciplinaire sera toujours crucial".
Quels sont les effets secondaires ? Dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche, Luc Van Gaal, endocrinologue spécialisé en obésité à l’Hôpital universitaire à Anvers, explique ce qu'on sait actuellement sur ce produit.
"Il y a toujours des effets secondaires. Il faut préciser que l’étude SELECT n’a pas été réalisée avec l’Ozempic mais avec la dose de Wegovy (sémaglutide). Comme le Wegovy (sémaglutide) n’est pas encore disponible dans notre pays, il y a pas mal de médecin qui prescrivent l’Ozempic. Il y en a trop", estime Luc Van Gaal, endocrinologue spécialisé en obésité à l’Hôpital universitaire à Anvers. "Les conditions dans lesquelles, la molécule même a été approuvée aux Etats-Unis et en Europe, c’est avec un indice pondéral au-dessus de 30. L’étude SELECT s’est intéressée à des sujets vraiment obèses qui avait déjà établie une maladie cardiovasculaire."
Des personnes qui n’ont que quelques kilos à perdre utiliseraient ce médicament. Perdent-ils vraiment du poids ? "On arrive très vite à satiété, mais il y a une grande responsabilité chez nos médecins et nos pharmaciens. Il ne faut pas prescrire l’Ozempic pour perdre quelques kilos. On perd un peu, mais les études réalisées n’ont jamais évalué les résultats et les effets secondaires chez des gens qui ont un indice d’obésité moindre", indique Luc Van Gaal.
Les effets secondaires sont liés à des troubles gastro-intestinaux: "On parle de nausées, de vomissements, de diarrhée et de constipation. Cela va s’atténuer au bout d’un certain temps. Ceux qui mangent encore trop gras, boivent de l’alcool ou mangent de la nourriture épicée auront davantage ces effets secondaires".
Concernant le prix avancé de 3000 euros par an en Belgique, Luc Van Gaal indique que "c’est beaucoup trop cher. Et aux Etats-Unis, cela coûte même 800 euros par mois."
Julie Frère, la porte-parole de Test-Achats, l'association de consommateurs, met en garde contre la commercialisation de ce produit. "Il est important de souligner que ce produit n’a été testé que sur des personnes en surpoids et obèses. On ne connaît pas les effets sur des personnes qui ne sont pas dans ces conditions-là. Et on n’a pas de données. Quand on arrête ce médicament, on reprend du poids. Le coût est très important, entre 100 et 265 euros par mois avec un marge extrêmement bénéficiaire pour la firme pharmaceutique. Produire une injection comme celle-là, coûte 30 euros…"
Elle conclut : "On parle d’une étude qui montre une baisse de 20% de la mortalité chez les personnes obèses, mais il faut rappeler qu’il s’agit d’un communiqué de presse de la firme pharmaceutique qui met en avant les résultats qui l’intéresse. Cette étude n’a pas encore été publiée. On ne sait pas combien de personnes ont arrêté le traitement en raison d’effets secondaires trop importants. Il n’y a pas eu de revue critique par les pairs. La presse reprend ce communiqué de presse sans œil critique."
L'émission CPTLJD est à revoir sur notre application RTL Play.