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Bernard a photographié des TACHES solaires à Jemeppe-sur-Meuse: une experte nous explique l'origine de ce phénomène

Bernard Radelet, passionné de météo et d'astronomie, a immortalisé la présence de taches sur le soleil ce lundi. Il nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour partager ses photos et ses vidéos. Des images prises depuis Jemeppe-sur-Meuse (province de Liège). "Non, le soleil n'est pas mort. Une brève apparition aujourd'hui avec la surprise du jour… Des taches solaires. La brume a servi de filtre solaire naturel", écrit-il dans son message. Mais quel est ce phénomène observé par le photographe ? Nous avons interrogé Sabrina Bechet, physicienne à l'Observatoire royal de Belgique. 

Sur les images envoyées par notre témoin, on peut apercevoir des zones sombres sur la surface du soleil. Des zones qui correspondent à des régions plus froides que le reste de la surface solaire (qui peut atteindre quelque 6.000 degrés). "Ces taches correspondent à des régions qui sont de l’ordre de 4.000 degrés environ. Par contraste, elles apparaissent sombres. Elles sont plus froides, mais ça reste des températures très élevées. Ce qui produit ces taches, ce sont des champs magnétiques. C’est une manifestation directe du champ magnétique qu’il y a à la surface du soleil", indique Sabrina Bechet.

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Pas un phénomène rare

Ces taches sombres apparaissent et disparaissent sur la surface du soleil selon le cycle solaire. Ce phénomène n'est pas rare, souligne l'experte.

"Le soleil est une étoile qui a une activité magnétique. C’est observé depuis des centaines d’années. C’est une activité cyclique avec une période en moyenne d’onze ans. On sait que tous les 11 ans, on va avoir une période de minimum, avec très peu de taches, et progressivement ça monte pour atteindre un maximum (période avec une forte activité), et ensuite redescendre et ainsi de suite. Le cycle actuel a commencé en 2019. C’était le minimum. Il est en train de monter pour atteindre un maximum en fin 2023, ou 2024." 

Comment observer ces taches ?

Sabrina Bechet précise qu'actuellement, le cycle solaire est dans une phase ascendante. 

"Il y a de plus en plus d’activité magnétique, ce qui se manifeste par des taches. Ici, ce qu’il y a de spécial, c’est qu’une tache a une grande surface. C’est plusieurs fois la dimension de la Terre. On peut la voir avec des lunettes protectrices, des lunettes d’éclipse. Il ne faut jamais regarder le soleil à l’œil nu car l’intensité lumineuse peut faire des dégâts irréversibles. Si on a une bonne vue, on devrait voir cette grosse tache. Elle est apparue fin de la semaine passée, le 18 mai. Elle est actuellement vers le Méridien central, plus ou moins au centre du soleil. Elle sera encore visible jusqu’à la fin de la semaine. Les prochains jours seront ensoleillés donc il sera possible de la voir. Après si on possède un télescope, et qu’on met les filtres requis, on peut pointer sur le soleil et on verra plus de taches. C’est visible toute la journée." 

S'il est donc fréquent de pouvoir observer des taches sur la surface du soleil, ce qui l’est donc moins, c’est qu’elles soient suffisamment grosses pour être observées à l’œil nu, ce qui est le cas actuellement. 

A l’Observatoire royal de Belgique, Sabrina Bechet travaille dans une équipe qui observe quotidiennement ces taches solaires. "Ici, elles sont observées depuis 1940. C’est un indice direct de l’activité magnétique du soleil. C’est une façon de pouvoir suivre cette activité cyclique. Des cycles en moyenne de 11 ans donc. On peut en apprendre énormément sur la dynamo solaire qui crée des champs magnétiques. Tout cela rien qu’en observant les taches." 

Et de poursuivre: "Quand le temps le permet, on va faire des images du soleil. On dessine aussi les taches, on les compte et on les caractérise aussi de façon assez précise. On précise quelle est leur topologie. Avec ces données qu’on a depuis 80 ans, on peut en apprendre beaucoup sur le soleil et nourrir des modèles très pointus. Pour nous, dans ce cas-ci, c’est une tache de plus", conclut l'experte. 

Les observations effectuées à l'Observatoire sur le plateau d'Uccle sont consultables sur un site internet (cliquez sur ce lien)

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