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PPP, l'opérateur qui est arrivé en tête de l'appel d'offres pour le marché de la distribution des journaux (83,9 millions d'euros de subsides annuels), a remis une offre quasi deux fois moins chère que ses concurrents, selon la décision motivée du SPF Économie dont le journal L'Echo a pu prendre connaissance.
Bpost, opérateur postal historique et public (l'Etat est actionnaire à 51%), pourrait perdre une partie de son chiffre d'affaires. En cause: le gouvernement a du émettre un appel d'offres pour savoir quelle entreprise allait distribuer les journaux dans notre pays. Une activité subsidiée par l'Etat, actuellement à hauteur de 83,9 millions d'euros par an. Le problème pour bpost, c'est qu'une autre offre, émanant de l'entreprise belge PPP, est quasiment 2 fois moins chère... Et c'est prépondérant, explique L'Echo, car le prix pèse pour 60% de la cote finale qui devait départager les trois candidats.
Ce mercredi soir, on apprend que le gouvernement reprendra jeudi ses discussions en comité ministériel restreint sur la concession de livraison des journaux et magazines. L'idée de l'abandon de cette concession fait toutefois consensus, a-t-on indiqué à bonnes sources.
Trois offres assez proches en dehors du prix
Ces derniers se tenaient dans un mouchoir de poche pour les deux autres critères fixés par l'appel d'offres européen, à savoir la qualité du service et le respect des délais de livraison, pesant respectivement pour 25% et 15% de la cote. Pour ce qui concerne le deuxième lot du marché public (41,9 millions par an) portant sur la distribution des périodiques et pour laquelle PPP ne concourait pas, bpost perd de peu face à Proximy-France Routage. Mais toujours pas sur le prix, selon L'Echo.
Le gouvernement coincé ?
La situation pourrait être gênante pour le gouvernement, car il est actionnaire majoritaire de bpost. Favoriser un concurrent ne devrait pas être dans sa stratégie, mais il est dépendant des résultats de cet appel d'offres. De plus, la qualité de service de PPP pourrait ne pas être à la hauteur, et détériorer la livraison des journaux, même s'il est trop tôt pour en juger.
La presse papier "inquiète"
Pour Bernard Marchant, CEO du groupe Rossel, c'est une mauvaise nouvelle. "Un abonné à Bruxelles ne reçoit pas son journal, en moyenne, au minimum une fois par semaine. Cela fait 2 ou 3 ans qu'on attend des solutions. Il faut comprendre notre inquiétude de voir que l'Etat, sans nous consulter, fait le choix d'une entreprise que nous connaissons très bien, que nous pratiquons, et qui ne respecte absolument pas les niveaux de qualité requis pour ce genre de services", poursuit-il.
Bpost "déplore" et justifie son prix
"bpost déplore vivement le déroulement de l'appel d'offres portant sur l'attribution de la concession de presse pour la période 2024-2028", peut-on lire dans un communiqué envoyé mercredi midi. "L'entreprise, en tant que candidate au contrat, n'a reçu aucune réaction officielle, question ou information de la part du gouvernement belge sur l'appel d'offres après avoir soumis son offre". L'entreprise craint par ailleurs que "les fuites répétées vers la presse, qui contiennent maintenant des détails sur les offres et les prix des différents candidats, dont bpost, sont regrettables" ; et se pose des questions "sur l'impact que ces fuites à répétition dans la presse auront sur la bonne poursuite de l’appel d’offres".
Bpost précise, par rapport à son offre nettement plus chère que la concurrence, qu'elle représente "un prix réaliste, compte tenu du fait que bpost dispose d'un réseau national de collaborateurs, qui ont un contrat fixe, qui sont payés correctement et qui ont des perspectives professionnelles au sein de l'organisation", ainsi que "une qualité élevée dans tout le pays, tant dans les villes que dans les zones rurales ; bpost a des années d'expérience dans la distribution de journaux et de périodiques et est reconnue de tous comme un opérateur fiable".