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Gabriel Fortin, jugé en appel à Grenoble pour trois assassinats et une tentative d'assassinat, a de nouveau refusé mardi d'assister à son procès, faisant un esclandre pour être expulsé de la salle d'audience.
L'ancien ingénieur, surnommé "le tueur de DRH", répète depuis l'ouverture des débats lundi qu'il ne "souhaite pas y assister", n'ayant "rien à dire" sur l'équipée sanglante de 2021, au cours de laquelle il a abattu de sang-froid trois personnes et manqué une quatrième.
Une attitude mal accueillie du côté des parties civiles, qui l'ont accusé d'être un "lâche", de les prendre en "otages" et de leur imposer un procès "non équitable", puisque c'est lui qui a fait appel de sa condamnation à perpétuité, il y a un an.
"Il a fait un choix, nous ses défenseurs, nous le respectons et nous nous adaptons", a de son côté réagi l'un de ses avocats, Me André Buffard, admettant que "dans un procès comme celui-ci, il n'est pas question de stratégie".
Fortin est apparu déterminé mardi à poursuivre sur cette voie, initiant dès le matin un bras-de-fer verbal avec la présidente de la Cour d'assises, qui l'a informé qu'il serait "contraint", si besoin par recours à la force publique, d'assister aux débats.
C'est ce qu'il s'est produit après la pause de milieu de matinée, l'accusé refusant catégoriquement de revenir dans le box, malgré une "sommation à comparaître".
Escorté de force dans la salle par deux policiers, il s'est aussitôt mis à répéter en boucle: "Je ne souhaite pas participer aux débats, je ne souhaite pas participer aux débats", et a refusé de répondre à la présidente qui l'invitait à se montrer "un peu raisonnable".
Après quelques minutes de ce régime, cette dernière a décidé de l'extraire "pour l'instant" de la salle et de poursuivre les auditions.
Plus tôt, elle avait rappelé à l'accusé qu'il était à l'initiative de ce procès en appel et estimé "légitime et logique" qu'il y assiste. Buté, l'intéressé avait répondu que ses avocats se chargeraient de "faire le travail".
Gabriel Fortin, 49 ans, a été condamné en juin 2023 à Valence à la prison à vie, assortie d'une peine de sûreté maximum de 22 ans, pour avoir tué en 48 heures une cadre de Pôle Emploi, d'une agence où il fut un temps inscrit, et deux responsables des ressources humaines, qui avaient participé à ses licenciements plus d'une décennie auparavant.
- "Frissons" -
Le bras-de-fer s'est poursuivi l'après-midi, Fortin refusant à nouveau de se présenter dans le box: "il sera pris chaque jour des dispositions à cet égard", a indiqué sobrement la présidente.
La plus grande partie de cette deuxième journée, consacrée à l'examen de la personnalité de l'accusé, s'est donc déroulée sans lui.
La cour a entendu une petite dizaine de témoins dont d'anciens camarades de lycée ou personnes croisées au fil des activités sportives qu'il a pratiqué une fois adulte: planeur, parapente ou club de tir.
Ils l'ont décrit de manières très diverses, utilisant des qualificatifs comme "spontané", "déconneur", "non violent", ou encore "mutique" ou "fuyant", en particulier lorsqu'on lui posait des questions sur sa vie personnelle ou sa recherche de travail. "Personne n'avait trop d'infos, c'était une énigme", a lancé l'un d'eux.
La cour a également entendu Maud L. avait qui il avait eu au lycée un "flirt de quelques mois" et avec qui il avait tenté en vain de renouer des dizaines d'années plus tard.
La quadragénaire fait partie des personnes, au sujet desquelles il avait mené des repérages et des recherches sur internet. L'enquête a montré qu'il était passé non loin de son domicile lors de sa virée sanglante de janvier 2021.
"Il a surveillé mon appartement", s'est émue Maud L., confessant en éprouver encore aujourd'hui des "frissons" et qualifiant la situation de "très angoissante pour (sa) famille". "Je dois peut-être ma vie à un déménagement", a-t-elle relevé.