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"Une bande de personnes totalement incompétentes." Myriam Delmée, présidente du Setca, n'avait pas de mots assez durs mardi matin pour dire tout le mal qu'elle pensait de la direction de Delhaize. Cette dernière a annoncé lors d'un conseil d'entreprise extraordinaire le passage sous franchise de ses 128 derniers magasins intégrés, une "annonce faite en deux minutes" sans aucun espace de négociations ou simplement de questions, alors même que l'entreprise "avait encore fait des déclarations dans la presse récemment disant qu'il n'y aurait pas de franchise", relève Mme Delmée.
Qu'importe les déclarations de la direction, selon laquelle les 9.000 travailleurs et travailleuses concernés par le passage sous franchise ne perdront ni leur emploi ni leurs conditions salariales. Pour la présidente du Setca, ces collaborateurs verront bien "leurs conditions de travail se dégrader de 20 à 25%". "Ça, c'est la réalité des faits (...)." Cela impliquera, selon son expérience, plus de travail, des baisses de salaire, la fin des suppléments salariaux pour les prestations au-delà de 18h00, du travail le dimanche... "Plus de flexibilité, du travail étudiant débridé (au préjudice des personnes à temps partiel, NDLR)..." Tous ces éléments, qui peuvent paraître anecdotiques séparément, forment, pris ensemble, "un séisme", estime Mme Delmée.
Cela signe aussi la fin des négociations collectives pour les travailleurs. Ce mardi matin, "on nous a bien fait comprendre que ce n'était pas négociable", déplore encore la présidente. Sous franchise, dans de plus petites structures, il n'y aura pas de représentation syndicale. "Ce sera de l'individuel ou pas de négociation du tout, ça change fondamentalement le modèle social" de l'entreprise, note-t-elle encore.
L'annonce de la direction a fait l'effet d'une bombe, du côté syndical mais aussi directement chez les travailleurs. Le personnel d'une centaine de magasins était en arrêt de travail spontané en fin de matinée.