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Prix de l'électricité: les verriers de Biot appellent au secours

A la verrerie de Biot, face aux visiteurs, trois maîtres-souffleurs produisent ce matin là des verres à bulle. Mais, devant le coût "insupportable" de l'électricité, les artisans-verriers de l'ex-fief des Templiers appellent au secours, pour que leurs fours ne s'éteignent pas.

"En France, pour être écouté, faut-il dire que je risque de faire faillite ?": Anne Lechaczynski, à la tête depuis l'an 2000 de la Verrerie de Biot, PME familiale où elle a succédé à ses parents, se démène pour que survive cet artisanat d'art.

Car la facture d'électricité de l'entreprise, qui emploie une quinzaine de personnes et réalise un chiffre d'affaires annuel de 2 millions d'euros, a explosé, passant de 63.000 euros en 2022 à 184.000 euros en 2023.

Certes, elle va toucher environ 60.000 euros d'aides. Mais "il reste 60.000 euros à digérer et la société ne pourra pas faire face", confie cette sexagénaire qui a débuté sa carrière aux Etats-Unis comme "trader" dans les matières premières.

"Depuis trois mois, j'ai un peu retrouvé mon ancien métier. Je ne me consacre presque plus à mon entreprise mais à rechercher les fournisseurs d'électricité les moins chers", ajoute-t-elle.

Appartenant à une véritable niche, les artisans et artistes-verriers ne sont plus que 400 en France, dont six à Biot.

Et ils sont "particulièrement impactés" par la hausse du coût de l'énergie, explique Antoine Pierini, qui travaille seul.

"La particularité de notre activité, qui nous distingue par exemple de la céramique, est que nous devons maintenir en permanence nos fours de fusion du verre à 1.200 degrés.

A cette température, il faut 15 jours pour éteindre un four sans le casser, et autant pour le ramener à cette température", détaille-t-il.

"Nous devons donc les maintenir allumés en permanence si nous ne voulons pas perdre des semaines de production", explique l'artisan, qui doit aussi faire face à la hausse "vertigineuse" du prix de la matière première: le verre, importé d'Allemagne, est ainsi passé de 1.400 à 3.000 euros la tonne.

- "Les sept plaies d'Egypte" -

"Porte-drapeau" depuis les années 50 d'une commune de 10.000 habitants sur laquelle est en partie implantée la prospère technopole de Sophia-Antipolis, la verrerie "ne rentre pas dans les critères d'aide prévus par le gouvernement", déplorent de concert le maire Jean-Pierre Dermit et le député Eric Pauget, tous deux LR.

Avec la sénatrice (LR) Patricia Demas, ils ont saisi dès octobre le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises et de l'artisanat.

"Mme Grégoire a conscience du problème, mais la réponse apportée n'est pas adaptée à la réalité que vivent les verriers", souligne le parlementaire.

Pour le député, il faut des "décisions fortes" pour préserver ce métier qui fait "l'identité d'un territoire et représente une richesse touristique". Ainsi, la verrerie de Biot attire 600.000 touristes par an, selon la mairie. Ce qui en ferait le 3e site touristique des Alpes-Maritimes.

Depuis 2015, "on a eu les sept plaies d'Egypte", ironise Mme Lechaczynski. "Des inondations, qui ont détruit tout notre stock, puis le Covid, puis la guerre en Ukraine, accompagnée de l'explosion du prix de l'énergie".

"Payer une facture qui ne résulte pas d'une mauvaise vision du chef d'entreprise que je suis, j'ai du mal à l'accepter", ajoute cette battante, qui veut garder espoir après avoir été conviée la semaine dernière à une table ronde avec le ministre délégué chargé des Comptes publics Gabriel Attal, de passage à Nice.

Pour trouver des solutions, "nous pouvons désormais joindre un conseiller à la sortie de crise à la Direction départementale des Finances publiques", reconnaît-elle. "Ce conseiller étudiera les dossiers cas par cas", promet le directeur de cabinet de la préfecture.

"Mais il faut agir vite", insiste le maire de Biot: "Si on reste dans l'état, l'été prochain va être très compliqué".

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