Partager:
"Un grand privilège" et "beaucoup de bonheur": Joyce Lewis vient de fêter ses 90 ans mais se souvient très bien de ce 2 juin 1953 où elle a assisté parmi la foule massée à Londres au couronnement d'Elizabeth II.
La veille de la cérémonie, elle campe une nuit avec des amis sur le Mall, l'avenue menant au palais de Buckingham, pour voir passer la procession emmenant la reine vers l'Abbaye de Westminster.
Il pleuvait des cordes, mais Joyce se souvient de l'ambiance "joyeuse" dans l'attente de l'événement.
"Il y avait beaucoup de rires, beaucoup de bonheur. Les gens attendaient une très grande occasion et ça le fut", raconte-t-elle à l'AFP depuis sa maison dans la campagne du Warwickshire, dans le centre de l'Angleterre.
Après une nuit passée à même le sol, le silence se fait sur le Mall lorsque le soleil se lève. "A un moment nous avons entendu une voix lointaine disant : +L'Everest est conquis. Hillary a conquis l'Everest+. Et il y a eu bien sûr des acclamations".
Le célèbre alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary et son sherpa Tenzing Norgay avaient réalisé quelques jours plus tôt la célèbre ascension, une première mondiale, et la nouvelle était arrivée au Royaume-Uni le jour du couronnement.
Durant la matinée du 2 juin, à mesure que la foule grossit, Joyce est repoussée parmi les derniers rangs. "Mais cet adorable homme d'origine asiatique se retourne vers moi et me dit: "Venez, c'est votre reine", en la ramenant au premier rang au moment où la parade débute.
"Il n'y avait personne devant moi. Nous étions suffisamment près pour voir à l'intérieur du carrosse" dont les flancs étaient "magnifiquement peints". "C'était vraiment quelque chose d'inoubliable", se souvient Joyce.
"Une chose dont je me souviens c'est le bouquet de fleurs blanches que la reine avait sur ses genoux. Alors que le carrosse avançait, les fleurs remuaient très doucement (...) Et bien sûr, au retour (après la cérémonie) elle portait l'orbe et le sceptre".
"Elle était tellement jeune", se remémore Joyce. "C'était une jeune mère, avec de jeunes enfants. Et le décès de son père a été soudain. Mais bien sûr elle était bien préparée", ajoute la nonagénaire.
- Gens "ordinaires" -
En 1953, le Royaume-Uni est encore en pleine reconstruction après la Deuxième Guerre mondiale. Les rationnements de nourriture et de vêtements sont encore en vigueur. Le couronnement d'une jeune reine insuffle un air d'optimisme dans le pays.
C'était "un grand privilège" d'être là, se souvient Joyce Lewis. "Les drapeaux, les fanions, les chevaux... C'était une journée de pur luxe", ajoute cette ancienne missionnaire et enseignante qui a ensuite passé 17 ans de sa vie au Malawi.
Si le couronnement de Charles III suscite pour l'instant moins d'enthousiasme chez les Britanniques, Joyce, qui se dit fièrement monarchiste, est persuadée qu'il "aura assez de soutien".
"Je pense que c'est quelqu'un qui fera tout ce qu'il peut" pour le Royaume-Uni, dit-elle, tout en reconnaissant que l'état d'esprit des Britanniques est "un peu mitigé" sur ce nouveau roi et son couronnement, en particulier chez les jeunes.
Elle se félicite que la cérémonie soit ouverte à autant de personnes "ordinaires" issues de la société civile, et pas seulement réservée à une élite issue de la noblesse britannique.
Mais cette fois, Joyce ne sera pas sur le Mall pour voir passer le carrosse du couple royal.
Elle suivra l'événement devant sa télévision pour le "voir bien au chaud et de manière confortable".
video-mhc/bd/mm