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La justice britannique examinera à partir d'avril 2024 une plainte en nom collectif réclamant des milliards de livres au géant minier australien BHP pour sa responsabilité dans la rupture d'un barrage de déchets au Brésil qui a fait 19 morts en 2015, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
BHP est visé car il était le copropriétaire, avec le groupe brésilien Vale, de la compagnie minière brésilienne Samarco gérant un barrage de déchets de minerai de fer qui s'est effondré le 5 novembre 2015.
Cet événement avait provoqué une catastrophe considérée comme la pire tragédie environnementale de l'Histoire du Brésil.
Plus de 200.000 plaignants, dont le peuple autochtone Krenak, sont déjà parties prenantes à cette l'action, selon le cabinet Pogust Goodhead, qui les défend, mais un nombre équivalent de clients se préparerait à rejoindre la plainte.
Le cabinet, qui salue une victoire après quatre ans de procédure, affirme qu'il s'agit du plus important contentieux de groupe jamais examiné par un tribunal civil en Angleterre.
Au total, les sommes demandées à l'entreprise par plus de 400.000 plaignants pourraient dépasser 10 milliards de livres (11,4 milliards d'euros) précise le cabinet, contre 5 milliards de livres de dommages initialement estimés lors du dépôt de la plainte.
La date d'ouverture de ce procès, dont les audiences sont prévues sur huit semaines, est "fixée au 9 avril 2024" a annoncé la Haute Cour de justice dans sa décision rendue mercredi et consultée par l'AFP.
"Il est désormais temps d'éviter de nouveaux retards et de faire des progrès substantiels dans la résolution du différend", a estimé le juge.
Le barrage avait cédé près de la ville de Mariana, dans l'Etat de Minas Gerais, libérant une gigantesque coulée de boue qui avait totalement submergé le village de Bento Rodrigues, faisant 19 morts et laissant plus de 600 habitants sans domicile.
La coulée s'est ensuite répandue jusqu'à l'océan Atlantique sur 650 kilomètres à travers le lit du fleuve Rio Doce. Sur son passage, elle a tué des milliers d'animaux, dévasté des zones de forêt tropicale protégées, et laissé 280.000 personnes sans eau.
Il s'agit d'une "décision procédurale" qui "n'a rien à voir avec le bien-fondé de l'action au Royaume-Uni", a réagi BHP, groupe coté à la fois à Londres et à Sydney, jeudi dans une déclaration transmise à l'AFP.
L'entreprise "conteste les réclamations dans leur intégralité et continuera à se défendre" dans cette affaire, estimant en outre qu'elle est redondante avec d'autres procédures judiciaires en cours au Brésil.