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Bloquer l’accès à la pornographie pour les mineurs : l’UE ouvre une enquête contre quatre énormes plateformes

Par RTL info avec AFP

L’Union européenne a lancé une enquête contre Pornhub, Stripchat, XNXX et XVideos, les soupçonnant de ne pas suffisamment protéger les mineurs. La Commission européenne pointe un manque d’outils de vérification d’âge « appropriés » et le non-respect des règles du DSA, risquant de lourdes sanctions financières pour ces géants du contenu pour adultes.

L’Union européenne a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête contre les plateformes pornographiques Pornhub, Stripchat, XNXX, et XVideos, soupçonnées de ne pas prendre de mesures suffisantes pour empêcher les mineurs d’accéder à leurs contenus. Dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA), la Commission européenne pointe l’absence d’outils « appropriés » pour vérifier l’âge des utilisateurs et protéger les mineurs des contenus pour adultes.

Comme a pu le constater l’AFP, un utilisateur pouvait accéder à ces plateformes mardi via un simple clic assurant qu’il est âgé d’au moins 18 ans, sans vérification supplémentaire. A terme, l’ouverture d’une telle enquête peut aboutir à de lourdes sanctions financières en cas d’infractions avérées.

 

 

« Notre priorité est de protéger les mineurs et de leur permettre de naviguer en ligne en toute sécurité », a souligné la commissaire européenne Henna Virkkunen, chargée de la souveraineté technologique et de la mise en œuvre du DSA. « En collaboration » avec les États membres, « nous sommes déterminés à nous attaquer à tout ce qui peut nuire aux jeunes utilisateurs en ligne », a-t-elle assuré.

Contactée par l’AFP, la maison mère de Pornhub, Aylo, a affirmé « s’engager pleinement à garantir la sécurité des mineurs en ligne » grâce à des sites « strictement réservés aux personnes ayant l’âge légal ». Mais ce géant du porno considère « que la véritable solution pour protéger les mineurs et les adultes est de vérifier l’âge des utilisateurs au point d’accès – les appareils des utilisateurs ».

Près de 40 % des enfants

Avec plus de 45 millions d’utilisateurs européens par mois chacune, Pornhub, XNXX, et XVideos font partie de grandes plateformes soumises aux règles renforcées du DSA, au même titre que X (anciennement Twitter), TikTok, Google ou Facebook (Meta).

Mardi, la Commission a précisé que Stripchat allait être retirée de cette liste, car elle n’atteint pas le seuil des 45 millions d’usagers. Mais ce changement de statut de la plateforme prend plusieurs mois et les règles renforcées du DSA pourront s’appliquer dans l’intervalle. Cette loi oblige les plus grandes plateformes à faire davantage pour protéger les utilisateurs européens en ligne et prévoit des règles strictes pour protéger les enfants et garantir leur vie privée et leur sécurité. Elles doivent aussi évaluer et atténuer les risques liés à l’usage de leurs services.

 

 

Sur ce dernier point, la Commission estime que les quatre sites pornographiques n’ont pas pris de mesures suffisantes pour éviter « tout effet négatif sur les droits de l’enfant, le bien-être mental et physique des utilisateurs ». Mardi, la Commission a aussi indiqué qu’elle collaborerait avec les autorités nationales pour veiller à ce que de plus petites plateformes pornographiques appliquent les mêmes règles.

En France, selon une étude du régulateur national de l’audiovisuel Arcom, menée sur le premier semestre 2024, près de 40 % des enfants accèdent à des sites pornographiques chaque mois.

Le DSA, dont les attributions sont vastes, fait partie du puissant arsenal juridique dont dispose l’Union européenne pour réglementer les grandes entreprises technologiques.

Depuis 2023, Bruxelles a lancé une vague d’enquêtes dans ce cadre, notamment sur les sites Facebook et Instagram de Meta, ainsi que sur les réseaux sociaux X et TikTok.

Les infractions, si elles sont prouvées, sont passibles d’amendes pouvant aller jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise concernée. Les plateformes reconnues coupables d’infractions graves et répétées peuvent également se voir interdire d’exercer leurs activités en Europe.

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