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"Abominable", "épouvantable": l'effroi et l'incompréhension l'emportaient lundi dans le petit village de Plonévez-du-Faou (Finistère), où un septuagénaire néerlandais, surnommé "Le Belge", a tiré sur ses voisins britanniques samedi soir, tuant leur fillette de 11 ans.
"C'est une tragédie", lâche Kim MacKanney, retraitée britannique de 64 ans, tenant son caniche en laisse, devant son gîte situé à quelques centaines de mètres du lieu du drame.
"Je suis choquée et bouleversée qu'un enfant soit tué dans un petit village si paisible et accueillant. On ne s'attend pas à ça ici. On pourrait s'y attendre en ville mais pas ici", ajoute la femme aux yeux rougis, qui ne connaissait pas les victimes.
Dans le petit hameau isolé des monts d'Arrée, connu pour sa chapelle de Saint-Herbot, c'est un habitant de 70 ans qui a tiré sur la famille britannique samedi soir, tuant leur fille de 11 ans et blessant gravement son père. La seconde fille du couple, âgée de huit ans, a réussi à prendre la fuite.
D'après la gendarmerie, un conflit opposait les deux voisins depuis 2019, année lors de laquelle la famille britannique s'était installée à Saint-Herbot. Le père, Adrien T., avait alors entrepris de défricher son terrain, où était implantée une ancienne scierie. Le bruit de la tronçonneuse indisposait ses voisins, un couple de 69 et 70 ans, né à Anvers (Belgique), surnommés "Les Belges", mais dont le mari était néerlandais.
Le défrichement de la parcelle aurait en outre déplu au couple qui vivait reclus dans une grande maison grise, entourée de friches et jusque-là invisible de la route. "Il y a eu au fil des années une exaspération profonde qui a conduit à ce drame", a résumé le procureur de la République de Brest Camille Miansoni lundi au cours d'une conférence de presse.
- "Aucun contact, rien" -
A l'époque, la mairie était intervenue pour une médiation. "On a vu ce qui faisait grief mais il n'y avait rien d'alarmant", explique la maire Marguerite Bleuzen. "C'était son terrain (à Adrien T.), il fait ce qu'il veut sur son terrain".
La famille s'est d'ailleurs vite intégrée, l'aînée allant au collège de Huelgoat tandis que la plus jeune était scolarisée non loin de là, à Brennilis. Leur mère s'occupait de personnes âgées pour l' Aide à domicile en milieu rural. "Une très belle personne", décrit Mme Bleuzen.
La famille participait aux fêtes organisées dans le hameau, mettant même son terrain à disposition pour servir de parking. "Ils sont très gentils, très sympas, disponibles tout le temps, ils rendent service et tout", dit leur plus proche voisin, un octogénaire qui ne veut pas donner son nom.
Au contraire du "Belge", "que je n'ai jamais vu de face", ajoute le vieil homme, qui habite le hameau depuis 1948.
"On ne les voyait jamais. Aucun contact, rien, zéro", assure-t-il, en parlant du couple établi à Plonévez-du-Faou depuis 2015.
Le suspect, "personne ne le connaissait", confirme la maire, qui décrit "un petit bonhomme, cheveux longs, blancs, barbe longue, et complètement hagard" lors de son arrestation. "Qu'est ce qui a pu se passer dans sa tête ?".
"C'est épouvantable, abominable", se désole une habitante de la commune, les yeux humides, en déposant un bouquet de roses blanches sur le perron des victimes. "Elle avait l'âge de mon petit fils, ça me touche. Qui ne le serait pas ?", ajoute la femme, cheveux gris et lunettes.
Des plants desséchés de cannabis et deux carabines ont été saisis au domicile du couple belgo-néerlandais, qui était positif à l'alcool et au cannabis au moment des faits, selon le parquet.