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Le déni du génocide des Bosniaques de Srebrenica a sensiblement diminué au cours de l'année passée, mais n'a pas cessé, avec toujours en tête des "négationnistes" le chef politique des serbes de Bosnie, Milorad Dodik, selon un rapport publié par le Centre mémorial de Srebrenica.
Quelque 8.000 hommes et adolescents bosniaques (musulmans) ont été tués en juillet 1995 dans le massacre de Srebrenica (est) par les forces serbes de Bosnie, crime qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et par la Cour internationale de justice (CIJ).
Mais les verdicts de ces deux tribunaux n'ont jamais été acceptés par les dirigeants politiques des Serbes de Bosnie et de la Serbie qui réfutent la qualification de génocide.
La fréquence des déclarations négationnistes ou relativisant la gravité de ce massacre dans la sphère publique a toutefois diminué, constate-t-on dans le dernier rapport du Centre mémorial de Srebrenica, consulté jeudi par l'AFP.
Cette étude a recensé "90 cas de déni du génocide" en Bosnie et dans des pays de la région dans la période entre mai 2022 et mai 2023, contre près de 700 cas enregistrés au cours des douze mois précédents.
Le déni du génocide de Srebrenica et autres crimes de guerre, ainsi que la glorification des criminels de guerre, sont passibles depuis 2021 de cinq ans de prison.
Toutefois, personne n'a encore été poursuivi en justice, malgré "des dizaines" de plaintes déposées, déplorent les auteurs du rapport.
Le massacre de Srebrenica est le pire crime commis pendant la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-95), qui a fait au total près de 100.000 morts.
Les chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie pendant ce conflit, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ont été condamnés à perpétuité par le TPIY, notamment pour le génocide de Srebrenica.
Le génocide est nié ou relativisé le plus fréquemment par des responsables politiques de la Republika Srpska, notamment par le président de cette entité des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, selon le rapport, qui déplore aussi l'arrivée sur cette liste du président croate Zoran Milanovic.
"Il n'y a pas eu de génocide à Srebrenica (...) Je dis ça en toute conscience", a déclaré en avril Milorad Dodik, se disant "prêt à comparaître" en justice pour "présenter (ses) arguments".
En juillet dernier, dans la semaine des commémorations du massacre, deux étudiantes serbes bosniennes à la faculté de criminologie de Sarajevo ont provoqué l'ire des Bosniaques en publiant sur des réseaux sociaux des contenus glorifiant le général Ratko Mladic.
Quelques jours plus tard, le chef de l'Agence du renseignement serbe (BIA), Aleksandar Vulin, leur a proposé une bourse et la poursuite de leurs études à l'Académie pour la sécurité nationale de la BIA à Belgrade.