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L'empire économique de Berlusconi tremble, mais ne rompt pas

L'empire économique de Silvio Berlusconi, secoué par la mort de son fondateur, fait face à une période d'incertitude, alimentée par des spéculations sur son avenir et des velléités de ses héritiers de vendre des parts.

Les investisseurs se sont rués sur le titre de son groupe de télévision MediaForEurope (ex-Mediaset), qui s'est envolé mardi de plus de 13% à la Bourse de Milan. Le marché parie sur une cession du groupe apportant des gains lucratifs ou une fusion.

Fininvest, la holding de la famille Berlusconi à travers laquelle elle contrôle une myriade de sociétés, a tenté de couper court aux rumeurs en assurant que ses "activités se poursuivraient dans une ligne de continuité absolue à tous égards".

La succession du magnat des médias, troisième fortune de l'Italie avec un patrimoine évalué par Forbes à 6,4 milliards d'euros, s'annonce complexe, avec d'éventuels litiges entre ses héritiers, même si elle semble avoir été bien ficelée par le patriarche octogénaire, estiment des analystes.

"Son empire survivra sans Silvio Berlusconi car il a réussi à assurer une transition entre les générations qui a été planifiée en amont", a commenté à l'AFP Andrea Colli, professeur d'histoire des entreprises à l'université Bocconi de Milan.

Entré dans la vie politique italienne au début des années 1990, "il y a belle lurette que Silvio Berlusconi n'intervenait plus directement dans la gestion du groupe", explique M. Colli.

Selon lui, l'ancien Premier ministre "a mis à profit son statut d'entrepreneur pour accéder au pouvoir" et "a ensuite utilisé son influence politique à des fins personnelles et, surtout, pour soutenir son empire".

En première ligne désormais, sa fille Marina, âgée de 56 ans, présidente de Fininvest depuis 2005 et des éditions Mondadori depuis 2003, surnommée la "tsarine" ou le "cerveau financier" du clan Berlusconi, s'étant intéressée aux affaires dès sa jeunesse.

"Marina Berlusconi a pris le relais de son père, acquérant progressivement des espaces de liberté et d'indépendance qui lui ont permis de devenir un point de référence pour le groupe", estime M. Colli.

- "Caractère en fer forgé" -

"Elle a l'air fragile, mais elle a un caractère en fer forgé", aimait à dire Silvio Berlusconi de sa fille aînée, que le magazine Forbes a classée parmi les femmes les plus puissantes du monde.

Une transition qui s'annonce réussie, juge aussi Giuseppe Di Taranto, professeur émérite d'histoire de l'économie à l'université Luiss de Rome.

"Il n'y a pas de risque d'affaiblissement de l'empire Berlusconi, qui au contraire en sortira renforcé, car ses enfants ont prouvé qu'ils étaient de très bons gestionnaires", assure-t-il à l'AFP.

Il fait ainsi référence à Marina et son frère Pier Silvio Berlusconi, 54 ans, qui a pris les commandes de Mediaset en 2015 après avoir commencé sa carrière en 1992 dans la régie publicitaire du groupe, Publitalia '80.

Nés du premier mariage de Silvio Berlusconi avec Carla Dall'Oglio, Marina et Pier Silvio détiennent chacun 7,65% de Fininvest. Les trois autres enfants, Luigi, Eleonora et Barbara, issus du second mariage avec Veronica Lario, en possèdent ensemble 21,42%.

Le magnat des médias, décédé à l'âge de 86 ans, contrôlait 61,21% de Fininvest, une part qui devra être désormais répartie entre ses héritiers, une fois ouvert le testament.

- "Modus vivendi" -

La galaxie Berlusconi comprend, outre Mondadori, contrôlé à hauteur de 53,3%, un autre joyau familial, la banque Mediolanum dont Fininvest possède 30,1%. S'y ajoutent la société de production de cinéma Medusa, de nombreux villas de luxe et yachts ou encore le club de football de Monza.

"Marina deviendra probablement numéro un du groupe et en détiendra la majorité avec Pier Silvio. Je ne pense pas qu'il y aura des querelles dans la famille, qui est très unie", juge Giuseppe Di Taranto.

Compagne de Silvio Berlusconi depuis 2020, Marta Fascina, 33 ans, ancien mannequin et députée de son parti Forza Italia, pourrait-elle semer la discorde? "Non", tranche Andrea Colli, car après des tensions initiales avec les enfants, "ils ont trouvé un modus vivendi".

Quant aux rumeurs sur d'éventuelles cessions de parts envisagées par les héritiers, il estime que "tout est possible", mais "pas forcément probable".

A commencer par une éventuelle montée de Vivendi au capital de MediaForEurope, qui suscite les convoitises. Le géant français des médias en détient pour l'heure 19,8%.

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