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Les Chypriotes élisent leur président dans un scrutin serré

Les Chypriotes votent dimanche lors d'un scrutin présidentiel serré entre trois candidats, l'électorat étant préoccupé par les scandales de corruption et l'inflation galopante sur l'île divisée depuis près d'un demi-siècle.

Dans le centre de Nicosie, des électeurs ont défilé au compte-gouttes dimanche matin pour glisser leurs bulletins dans l'urne dans un bureau de vote installé dans l'école primaire d'Agios Antonios.

"Certaines choses doivent changer radicalement à mon sens en ce qui concerne le problème chypriote (la division de l'île, ndlr) et l'économie", a déclaré Maria Christodoulou, enseignante de 45 ans, après avoir voté.

A 10H00 locales (08H00 GMT), le taux de participation était de 11,7%, soit une augmentation de 1,2 % par rapport à la dernière présidentielle (2018), selon des chiffres officiels.

Quatorze candidats, dont trois en tête, se présentent face à plus de 561.000 électeurs dans la partie sud de l'île pour succéder au président de droite Nicos Anastasiades.

Selon les sondages, aucun ne serait en mesure de remporter la majorité absolue. Un second tour serait alors organisé le 12 février.

Ouverts à 07H00 (05H00 GMT), les 1.113 bureaux de vote ferment à 18H00 (16H00 GMT) avec une pause d'une heure en milieu de journée.

"Le vote a commencé sans entrave", a déclaré le directeur du scrutin, Costas Constantinou.

Membre de l'Union européenne depuis 2004, Chypre est divisée depuis l'invasion turque en 1974 du tiers nord de l'île, en réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs souhaitant rattacher le pays à la Grèce.

La République de Chypre n'exerce son autorité que sur la partie sud de l'île [chypriote grecque], séparée par la Ligne verte contrôlée par l'ONU, de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue seulement par la Turquie, où vivent les Chypriotes-turcs.

Nikos Christodoulides, qui se présente comme "indépendant", est donné favori. Ce diplomate de 49 ans, soutenu par les partis centristes, a été ministre des Affaires étrangères du président Anastasiades entre 2018 et 2022.

Ses principaux adversaires sont Andreas Mavroyiannis, diplomate de 66 ans soutenu par le parti communiste Akel, ancien chef négociateur dans les pourparlers sur la réunification (2013-2022), ainsi qu'Averof Neofytou, 61 ans, leader du parti conservateur au pouvoir, Disy.

Hubert Faustmann, professeur de politique et d'histoire à l'Université de Nicosie, parle d'un scrutin "étrange" où "les trois favoris sont liés à l'actuel président", qui à 76 ans achève deux mandats de cinq ans.

- Corruption et migrants -

Premier défi pour le nouveau dirigeant: l'inflation, qui a atteint 10,9% en 2022. Malgré un ralentissement en janvier, à 7,1%, la hausse des prix, notamment de l'énergie et de la nourriture, reste en tête des préoccupations et le pays a connu fin janvier une grève générale.

La lutte contre la corruption a dominé aussi le débat, notamment après le scandale des "passeports en or", dispositif qui a dû être annulé en raison d'allégations de corruption, entachant l'image du gouvernement de M. Anastasiades.

"La corruption est au cœur du débat, comme l'économie et la vie quotidienne. Le problème de Chypre [la division] est un sujet secondaire", estime Giorgos Kentas, professeur associé de relations internationales à l'Université de Nicosie.

Autre sujet sensible sur cette île de l'est de la Méditerranée, l'afflux de migrants, pour lequel les candidats ont promis d'agir. Les autorités affirment que 6% des 915.000 personnes vivant dans le sud de l'île sont des demandeurs d'asile.

- Pourparlers à l'arrêt -

Selon des chiffres de l'UE, Chypre détient le deuxième taux le plus élevé de primo-demandeurs d'asile par rapport à sa population dans l'Union européenne, derrière l'Autriche.

Nicosie reproche à la Turquie d'orchestrer une bonne partie de l'arrivée des réfugiés originaires de Syrie et de migrants d'Afrique subsaharienne via la Ligne verte.

Le futur président sera justement appelé à relancer les pourparlers sur la réunification, au point mort depuis 2017.

Sur ce dossier, M. Christodoulides est considéré comme un "faucon" et souhaite que l'UE isole la Turquie.

M. Neofytou est vu comme un pragmatique, tandis que M. Mavroyiannis a assoupli sa position pour être en accord avec la ligne du parti Akel.

Le processus diplomatique parrainé par l'ONU achoppe notamment sur la présence de 40.000 soldats turcs en RTCN.

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