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L'escrime se déchire sur le retour russe, son calendrier encore sabré

L'escrime s'enfonce dans la crise depuis la décision de la Fédération internationale (FIE) de réintégrer Russes et Bélarusses. L'étape de Coupe du monde en Pologne annulée mercredi est la dernière d'une cascade d'annulations après celles en Allemagne et en France. De quoi craindre un émiettement du circuit, à un an et demi des JO de Paris.

"Nous ne pouvons pas organiser cette épreuve suivant les conditions posées par la FIE", qui "nous a imposé" d'accueillir les sportifs russes, a déclaré à l'AFP Adam Konopka, vice-président de la Fédération polonaise PFSz, organisatrice de cette étape de Coupe du monde de fleuret féminin.

Initialement prévue en avril et qualificative pour les JO-2024, l'étape de Poznan devait être la première du calendrier à compter à son tableau des tireuses russes et bélarusses depuis que la FIE est devenue en mars la première fédération internationale à réintégrer les sportifs de ces pays, sous bannière neutre.

"Les annulations d'étapes de Coupe du monde sont préoccupantes, la situation ne peut pas continuer comme ça", alerte auprès de l'AFP le président de la Confédération européenne, Giorgio Scarso.

"Quand des Fédérations qui ont fait l'histoire de l'escrime comme l'Allemagne, la France et la Pologne, annulent des compétitions, cela pose question", insiste-t-il. Contactée, la FIE n'a elle pas donné suite.

- "Lettre arrogante de la FIE" -

"Nous avons reçu une lettre arrogante" de la part de la FIE expliquant que "c'est à eux de décider qui doit venir et selon quelles conditions et qu'on était tenu de tout organiser, y compris les visas d'entrée" en Pologne, a détaillé M. Konopka. "On ne va pas se laisser vassaliser."

Dimanche, la Russie avait déjà annoncé qu'elle n'enverrait pas ses escrimeuses et leur encadrement à Poznan en Pologne ce mois-ci (21-24 avril) en raison des conditions "inacceptables" émises par Varsovie. A savoir un document écrit attestant qu'ils ne soutenaient pas la guerre contre l'Ukraine, qu'ils n'étaient pas employés par l'armée ou assimilés et s'engageaient à respecter les critères de neutralité établis.

Le créneau de l'étape allemande de Tauberbischofsheim, prévue les 5 et 6 mai apparait désormais à Plovdiv (Bulgarie). Le même week-end Acapulco (Mexique) accueille du fleuret masculin puis Batoumi (Géorgie) du sabre féminin la semaine suivante (du 12 à 14 mai). Reste à savoir si ces étapes seront maintenues et accueilleront bien des compétiteurs russes ?

"L'événement se tiendra comme prévu", a assuré de son côté à l'AFP le président de la Fédération géorgienne d'escrime Merab Bazadze. "Si les athlètes russes et bélarusses choisissent de venir à Batoumi --ce que nous ne sommes pas en mesure de leur interdire-- ils devront concourir sans leurs drapeaux et hymnes nationaux."

"Nous attendons des éclaircissements", a temporisé le président de la Fédération russe d'escrime, Ilgar Mamedov, cité par l'agence Tass. "Nous consulterons le ministère des Sports" sur une éventuelle "participation aux compétitions".

- L'exemple de l'escrime pas suivi -

La Fédération internationale d'escrime, présidée pendant près de quatorze ans par l'oligarque russe Alisher Usmanov jusqu'à sa mise en retrait en mars 2022 à la suite de l'invasion de l'Ukraine, avait anticipé les recommandations du Comité international olympique (CIO) en décidant dès le début du mois de mars, lors d'un congrès extraordinaire, la réintégration des escrimeurs russes et bélarusses.

Mais ce revirement multiplie les heurts entre l'annulation de l'étape de Tauberbischofsheim en Allemagne, du Challenge Monal en France et les protestations de centaines de tireurs de premier plan, dont la fleurettiste américaine Lee Kiefer, titrée aux JO de Tokyo, ou encore la sabreuse française Manon Brunet-Apithy multi-médaillée au Japon.

"Quand 300 grands athlètes signent une pétition pour s'opposer à une décision, cela doit faire réfléchir", insiste Giorgio Scarso.

L'exemple, chaotique, de l'escrime n'a pas encore été suivi. Au contraire, la Fédération équestre internationale (FEI) a déclaré maintenir ses sanctions mardi malgré les recommandations du CIO, faute de pouvoir "définir et évaluer la neutralité (des sportifs) de façon suffisamment satisfaisante". "Tous les athlètes, chevaux et officiels, russes, insiste-t-elle, demeurent interdits de participation aux événements de la FEI."

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