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Crimes de guerre, sécurité internationale mise à mal : l'invasion russe en Ukraine a dominé lundi l'ouverture des débats au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU et la Conférence du désarmement.
Après l'adoption, la semaine dernière à une très large majorité, d'une résolution par l'Assemblée générale des Nations unies exigeant un retrait "immédiat" des troupes russes, l'ONU et les alliés de Kiev ont lancé lundi une nouvelle salve de critiques contre Moscou, désireux de démontrer que cette guerre ne concerne pas que l'Europe.
"L'invasion de l'Ukraine par la Russie a déclenché la violation la plus massive des droits humains que nous connaissons aujourd'hui", a asséné le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'ouverture de la 52e session du Conseil des droits de l'Homme (CDH), qui doit durer près de six semaines.
Dénonçant "l'invasion insensée de l'Ukraine par la Russie", le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a lui fustigé le retour des "guerres d'agression destructrices, datant d'une époque révolue et aux conséquences mondiales".
"Aujourd'hui, c'est l'Ukraine, mais demain, ce pourrait être un autre pays voisin", a lancé le président du Monténégro, Milo Djukanovic, appelant à ne "pas rester neutres".
A la Conférence du désarmement -qui a également débuté lundi au siège de l'ONU à Genève- le secrétaire d'Etat britannique pour l'Europe, Leo Docherty, a lu une déclaration au nom de plus de 30 pays. L'invasion russe "est une menace non seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour la paix et la sécurité internationale et pour l'ordre international", souligne-t-elle.
"La Russie met à mal notre architecture de sécurité collective et remet en cause notre ordre mondial fondé sur les règles de droit. En un mot, la Russie tente d'imposer sa vision des relations internationales fondée sur la loi du plus fort, ou a minima du plus agressif", a déclaré la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.
La sous-secrétaire d'Etat américaine en charge du contrôle des armements, Bonnie Jenkins, a elle décrié la suspension par la Russie de sa participation au traité de désarmement nucléaire New Start. "La Russie montre une fois de plus au monde qu'elle n'est pas une puissance nucléaire responsable", a-t-elle asséné, tandis que la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a accusé Moscou de saper "l'architecture de contrôle des armements dont nous dépendons tous".
- Crimes de guerre -
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, doit participer jeudi au CDH en visioconférence, tandis que le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Riabkov, est attendu ces prochains jours à Genève.
A l'issue de la session, début avril, les 47 Etats membres du CDH devront se prononcer sur la poursuite des travaux des enquêteurs onusiens sur l'Ukraine, qui présenteront ces prochaines semaines leur premier rapport écrit après avoir déjà fait état en septembre de crimes de guerre.
La Russie "inflige d'indicibles souffrances au peuple ukrainien. (...) Les responsables de ces crimes de guerre et crimes contre l'humanité devront rendre des comptes", a souligné la chef de la diplomatie française devant le CDH.
Un peu plus tard, lors d'une réunion de soutien à l'Ukraine en marge du Conseil, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba -en visioconférence- a dénoncé les exactions commises par la Russie.
"Le crime le plus effrayant est le vol d'enfants. Nous parlons de milliers d'entre eux", a-t-il déclaré, accusant Moscou de commettre un "crime de génocide", et réitéré la volonté ukrainienne de mettre en place un tribunal spécial pour juger les crimes russes.
L'ambassadrice ukrainienne Yevheniia Filipenko a plaidé la semaine dernière pour un "renforcement" de la résolution définissant le mandat des enquêteurs, mais Kiev et ses alliés devront encore convaincre certains pays hésitants à critiquer Moscou.
Le renouvellement du mandat du Rapporteur sur la situation des droits humains en Russie fera également l'objet d'âpres discussions.