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Les Néerlandais se rendaient aux urnes mercredi pour des élections provinciales cruciales, avec un nouveau parti promettant de donner voix à la fronde des agriculteurs et de défier le gouvernement et ses plans pour l'environnement.
Selon les sondages, le "Mouvement agriculteur–citoyen" (BBB) pourrait être l'un des grands vainqueurs de ces élections qui servent à désigner les représentants au Sénat, aux dépens de la coalition au pouvoir du Premier ministre Mark Rutte, du parti de centre-droit VVD.
Le monde agricole a exprimé sa colère ces derniers mois en manifestant contre les plans du gouvernement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur, récoltant notamment le soutien de l'ancien président américain Donald Trump.
Une bonne performance du BBB signifierait qu'il pourrait s'allier avec d'autres partis au Sénat pour contrarier la politique du gouvernement et s'opposer notamment à toute réduction de cheptel ou expropriation éventuelle d'agriculteurs.
Les premiers résultats sont attendus après la clôture des bureaux de vote à 21H00 (20H00 GMT).
Le BBB n'a été fondé qu'en 2019 et ne compte qu'un seul député, mais il a exploité une tension et des sentiments populistes et anti-élites aux Pays-Bas, principalement aux dépens de la coalition au pouvoir de M. Rutte, en poste depuis 2010 et Premier ministre néerlandais à la plus grande longévité.
Aux Pays-Bas -deuxième exportateur agricole mondial après les États-Unis, malgré sa petite taille (environ 41.500 km2 pour 18 millions d'habitants)- les agriculteurs estiment que l'exécutif ignore leurs préoccupations.
"On ne se sent pas vraiment entendus, on ne se sent même parfois plus les bienvenus dans notre propre pays", a déclaré la semaine dernière à l'AFP Erik Stegink, président national du BBB et éleveur porcin.
- Fumier et drapeaux -
Autoroutes bloquées par des tracteurs et du fumier, rassemblements houleux devant les maisons de responsables politiques, drapeaux néerlandais à l'envers plantés dans des champs en symbole de leur fronde: les actions des agriculteurs ont attiré l'attention du monde entier.
Ils étaient encore des milliers à manifester samedi à La Haye, où siège le gouvernement, alors que des militants pour le climat bloquaient une artère principale de la ville au même moment.
Le gouvernement vise à baisser de 50% d'ici 2030 les émissions d'azote, un gaz à effet de serre émis notamment par les engrais et les effluents d'élevage.
Cette mesure est nécessaire, selon lui, pour résoudre la crise du logement aux Pays-Bas où de grands projets de construction, qui émettent également de l'azote, ont été suspendus par la justice pour des raisons environnementales.
La Haye veut débloquer 25 milliards d'euros d'ici 2035 pour aider le secteur agricole à réduire ses émissions d'azote, notamment grâce à une réduction du cheptel mais éventuellement aussi par des expropriations dans des endroits proches de zones naturelles protégées.
Les agriculteurs se disent injustement ciblés par le gouvernement, par rapport à d'autres secteurs comme l'industrie et les transports.
L'extrême droite s'est saisie du sujet en alléguant que les agriculteurs sont victimes d'un complot "mondialiste" visant à les priver de leurs terres.
Les sondages prévoient toutefois un revers écrasant pour le parti populiste Forum pour la démocratie (FvD), pourtant grand vainqueur des dernières élections provinciales en 2019.
Son leader Thierry Baudet a prôné ces dernières années une théorie du complot coronasceptique et érigé en "héros" Vladimir Poutine, espérant une victoire du président russe en Ukraine.