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Les tensions entre Belgrade et Pristina sont de nouveau montées en flèche mercredi après l'arrestation par la Serbie de trois policiers kosovars, les autorités kosovares qualifiant l'incident d'enlèvement et interdisant aux véhicules serbes de franchir la frontière.
Ce nouvel accès de fièvre entre les deux anciens ennemis survient après des semaines de tensions, durant lesquelles trente soldats de la Kfor, la force emmenée par l'Otan au Kosovo, ont été blessés en mai lors de heurts avec des manifestants serbes.
La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ex-province, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais.
La Serbie a déclaré avoir arrêté trois policiers kosovars en tenue militaire, munis d'armes automatiques, de GPS, de cartes et autres équipements.
"Le gang terroriste a été arrêté aujourd'hui à 12H38 dans le territoire de la Serbie centrale, dans la zone du village de Gnjilica, dans la municipalité de Raska", a déclaré à la presse Petar Petkovic, chef du bureau serbe chargé du Kosovo.
Gnjilica se trouve à environ six kilomètres d'un poste-frontière avec le Kosovo.
Dans une vidéo publiée par la police serbe, on voit plusieurs hommes masqués emmener un groupe d'hommes menottés.
- "agression" -
Mais le gouvernement kosovar a déclaré que les policiers avaient été "enlevés" en territoire kosovar.
Les officiers appartiennent à une unité chargée de la surveillance de la frontière et ont disparu après avoir signalé une incursion d'hommes masqués et armés près de la municipalité de Leposavic, dans le nord du Kosovo, selon la même source.
Le Premier ministre kosovar Albin Kurti a accusé Belgrade d'avoir kidnappé les officiers, déclarant qu'il s'agissait vraisemblablement "d'un acte de vengeance" après l'arrestation du chef présumé d'un groupe paramilitaire serbe mardi.
"L'entrée des forces serbes dans le territoire du Kosovo est un acte d'agression et vise à l'escalade et à la déstabilisation", a-t-il lancé sur Facebook. "Nous exigeons la libération immédiate des policiers enlevés".
Pristina a immédiatement interdit l'entrée du Kosovo aux véhicules portant des plaques d’immatriculation serbes, selon le porte-parole du gouvernement Perparim Kryeziu.
Le président serbe Aleksandar Vucic a accusé Albin Kurti "de vouloir provoquer une guerre", promettant que la Serbie "ferait tout" pour éviter un conflit.
"Nous sommes à un tournant, allons nous continuer à avoir la paix ou pas?", a-t-il demandé. "J'ai peur que nous n’ayons franchi le Rubicon et qu'il ne soit très difficile de revenir à la normale", a-t-il dit à la télévision serbe.
Les tensions entre Belgrade et Pristina se sont envolées depuis l'intronisation en mai de maires albanais dans quatre villes du nord du Kosovo à majorité serbe.
- "Conséquences négatives" -
Ces édiles avaient été élus en avril lors de municipales boycottées par les Serbes du Kosovo.
La France, l'Allemagne et les Etats-Unis ont appelé les deux parties à la désescalade tandis que Washington, le plus proche allié de Pristina, a dénoncé la décision du gouvernement kosovar d'introniser les maires.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a demandé mercredi soir à Albin Kurti de prendre "des mesures pour une désescalade".
"Dans le cas contraire, il y aura des conséquences politiques négatives", a-t-il prévenu.
Depuis la guerre du Kosovo et la déclaration d'indépendance, les relations entre Belgrade et Pristina vont de crise en crise.
Environ 120.000 Serbes vivent au Kosovo, dont un tiers dans le nord du territoire qui compte au total une population de 1,8 million d'habitants, en grande majorité des Albanais kosovars.
De nombreux Serbes considèrent le Kosovo comme leur berceau national et religieux. La minorité serbe du Kosovo reste largement fidèle à Belgrade, refusant de reconnaître la souveraineté de Pristina. Les Serbes du Kosovo sont accusés par certains d'être instrumentalisés par Belgrade.
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