Partager:
Shell va verser 15 millions d'euros d'indemnisation à des fermiers nigérians pour des fuites de pétrole ayant gravement pollué trois villages dans le delta du Niger, ont fait savoir vendredi le géant pétrolier et l'organisation Milieudefensie.
Un tribunal néerlandais avait jugé en 2021 que la filiale de Shell au Nigeria était responsable des dommages résultant des déversements et avait condamné Shell à verser des indemnisations dans ce procès de longue date intenté par quatre fermiers nigérians.
"Shell et Milieudefensie ont négocié un accord au profit des communautés d'Oruma, Goi et Ikot Ada Udo au Nigeria, impactées par quatre marées noires survenues entre 2004 et 2007", a déclaré le géant pétrolier dans un communiqué.
Shell "paiera un montant de 15 millions d'euros au profit des communautés et des plaignants individuels", a déclaré le groupe.
Cet accord, qui ne peut toutefois pas être vu comme "une reconnaissance de responsabilité", règle toutes les réclamations et met fin à tous les litiges en cours liés aux déversements, a précisé Shell.
Soutenus par Milieudefensie - branche aux Pays-Bas de l'organisation internationale les Amis de la Terre -, quatre fermiers et pêcheurs nigérians avaient saisi la justice néerlandaise en 2008, demandant que Shell - dont le siège social se trouvait alors à La Haye - paie les travaux de dépollution et leur verse des indemnités.
La multinationale a toujours attribué la pollution à du sabotage et assuré avoir nettoyé les lieux.
Les quatre plaignants originaux sont tous décédés depuis le début de la bataille judiciaire, poursuivie par leurs communautés, dans le sud-est du Nigeria, un des plus gros producteurs de pétrole en Afrique.
"C'est un grand soulagement pour nous tous qu'après des années de bataille juridique avec Shell, nous recevrons bientôt cet argent en compensation de tout ce que nous avons perdu", a déclaré le plaignant actuel Eric Dooh, cité dans un communiqué de Milieudefensie.
Le procès et l'indemnisation signifient qu'une "nouvelle norme a été établie", observe Donald Pols, directeur des Amis de la Terre Pays-Bas.
"Les entreprises ne pourront plus s'en tirer en polluant et en ignorant les droits de l'Homme", et peuvent désormais "être appelées à rendre des comptes", a-t-il déclaré dans ce même communiqué.