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Au Vanuatu, Macron dénonce les "nouveaux impérialismes" en Océanie

Emmanuel Macron a dénoncé jeudi au Vanuatu les "nouveaux impérialismes" en Océanie, lors de la première visite d'un président français dans un pays indépendant du Pacifique. Une tournée qui s'entrechoque avec celle de ministres américains dans une parfaite illustration des efforts croissants pour contrer l'influence chinoise.

Dans un discours à Port-Vila, surplombant l'océan, il a détaillé sa "stratégie indopacifique" dévoilée voici cinq ans, autour de deux axes, la défense et la lutte contre le réchauffement climatique, et "une boussole: la souveraineté des peuples et l'indépendance des Etats".

Le général de Gaulle avait fait un déplacement au Vanuatu en 1966, à l'époque où c'était encore un condominium franco-britannique nommé les Nouvelles-Hébrides.

Il y a "une logique à ma présence", a expliqué le chef de l'Etat, assurant "reconnaître" le "passé colonial" de la France au Vanuatu, "une histoire d'accaparement des richesses et d'exploitation des populations", "un passé de souffrance et d'aliénation" ainsi que de "trafic d'êtres humains".

Mais, fort à son sens de cette histoire, et de la présence française en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, il a tenté de démontrer en quoi la France pouvait être cette alternative, cette "puissance d'équilibre" dont il vante souvent les mérites.

Dans une région où les ambitions de la Chine se font de plus en plus conquérantes, et que les Etats-Unis tentent de contrer de leur côté.

- "Appel d'Ifira" -

Hasard du calendrier, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin, était aussi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où il devait croiser, sans le rencontrer, le président français. Et ce dernier a annoncé l'ouverture d'une ambassade de France aux Samoa alors que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken était aux îles Tonga pour inaugurer la nouvelle ambassade des Etats-Unis et mettre en garde contre un investissement "prédateur" de Pékin.

"Les ingérences se multiplient" en Océanie, a martelé Emmanuel Macron à Port-Vila.

Il a dénoncé "de nouveaux impérialismes" qui viennent "menacer la souveraineté", ainsi que "de nombreux prêts aux conditions léonines" qui "étranglent littéralement" les pays les plus fragiles.

Il n'a pas cité nommément la Chine.

La veille, en Nouvelle-Calédonie, il avait pris moins de pincettes, mettant en garde les indépendantistes contre toute velléité "de choisir demain d'avoir une base chinoise" sur le Caillou. "Bon courage, ça ne s'appelle pas l'indépendance!", les avait-il tancés.

Le président indépendantiste du Congrès néo-calédonien, Roch Wamytan, annoncé dans la délégation présidentielle au Vanuatu, n'a finalement pas fait le déplacement, mais M. Macron était accompagné d'autres dirigeants de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française.

Seul pays européen riverain de l'Asie-Pacifique avec 1,6 million de citoyens dans la région répartis sur sept territoires d'Outre-mer et une zone économique exclusive de neuf millions de kilomètres carrés, la France affiche de grandes ambitions dans ce qu'elle dénomme l'"Indopacifique".

Au Vanuatu, "seul pays indépendant francophone" de la région, comme l'a rappelé son Premier ministre Ishmael Kalsakau, le président français a multiplié les gestes d'amitié.

Il s'est rendu au festival des arts mélanésiens, au milieu des danseurs traditionnels, se prêtant au partage du kava, cette boisson piquante et légèrement alcoolisée faite à partir de racine au coeur de la coutume de l'archipel. Et il a lancé à la foule quelques mots en bislama, la langue parlée au Vanuatu.

Sur le fond, Emmanuel Macron a voulu mettre l'accent sur l'environnement.

Le chef du gouvernement vanuatais avait exhorté en mars à l'ONU les dirigeants du monde à "réagir, et vite", pour éviter "l'Apocalypse".

Il avait fait adopter une résolution par l'Assemblée générale des Nations unies demandant l'avis de la Cour internationale de Justice sur les obligations climatiques des Etats. Une initiative soutenue par Paris dans un texte commun publié jeudi, exhortant à "une action immédiate face au changement climatique", baptisé "l'appel d'Ifira" du nom d'un îlot vanuatais.

Preuve de ce "réengagement" de la France dans le Pacifique, M. Macron a souligné que l'Agence française de développement consacrerait sur cinq ans 200 millions d'euros à cette région, la moitié en dons et l'autre en prêts, "soit cinq fois plus" que les cinq années précédentes.

M. Macron poursuit sa tournée dans le Pacifique. Il a atterri jeudi soir en Papouasie-Nouvelle-Guinée, accueilli à sa descente d'avion par une danse traditionnelle de la tribu Motu Koita. Vendredi, il doit se rendre dans la forêt du parc national de Varirata pour évoquer la thématique de la protection des principaux poumons de la planète.

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