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Paris va connaitre ce vendredi une manifestation étonnante : une manifestation de maires. Il s'agit en fait d'élus qui dirigent des communes de moins de 1.000 habitants, très nombreuses, dans l'hexagone et qui s'opposent à une loi qui va désormais imposer la parité hommes-femmes dans les conseils municipaux.
La France compte, à elle seule, plus de communes que l’ensemble du reste de l’Union européenne : 35.497 exactement. Parmi elles, 25.454 ont moins de 1 000 habitants. Ce morcellement s’explique par l’absence, en France, d’un vaste mouvement de fusion communale comme celui qu’a connu la Belgique en 1977.
À un an des prochaines élections municipales, l’attention médiatique se porte naturellement sur les grandes métropoles. À Paris, par exemple, Rachida Dati espère succéder à Anne Hidalgo. Pourtant, si 80 % de la population française vit aujourd’hui dans des agglomérations, la réalité municipale du pays reste profondément rurale. Elle est faite de ces petits villages pleins de charme, immortalisés par Charles Trenet dans sa chanson "Douce France, cher pays de mon enfance".
Mais derrière cette image pittoresque, être maire d’une petite commune ressemble davantage à un enfer qu’à un paradis. 55 % des élus sortants ne souhaitent d’ailleurs pas se représenter. En cause : l’abandon des services publics – La Poste, l’école, la maternité – qui transforme la mairie en un guichet unique où convergent tous les problèmes.
Les maires ruraux, souvent isolés, n’ont pas de véritable administration pour les épauler. Ils travaillent seuls ou avec un ou deux employés, pour une indemnité modeste de 1 000 à 1 700 euros bruts par mois. Résultat : 60 % exercent une autre profession et les autres sont souvent retraités.
Et voici qu’une nouvelle contrainte leur tombe dessus : la parité. Jusqu’à présent, cette obligation ne s’appliquait pas aux petites communes. Ce sera désormais le cas dès les prochaines élections. Une difficulté supplémentaire, comme l’explique ce matin dans Le Figaro Marième Tamata-Varin, maire d’un village de Seine-et-Marne :
"Le vivier dans lequel il faut piocher les futurs candidats est extrêmement restreint par rapport à une commune urbaine. Quand on n’a pas de femmes, ce n’est pas parce qu’on n’en veut pas, bien au contraire. Je rêverais d’avoir un conseil uniquement composé de femmes. Mais on ne peut pas se priver de personnes motivées au détriment d’autres. Cette réforme, c’est un drame", estime-t-elle.
Si l’Association des maires de France soutient cette évolution, elle est surtout constituée d’élus issus des grandes villes, ce qui alimente un sentiment de déconnexion. Dans les territoires ruraux, beaucoup redoutent que cette réforme ne soit qu’un premier pas vers des fusions imposées.
La manifestation prévue dans la capitale sonne donc comme un cri du cœur : "Hé l’Parisien, touche pas à mon clocher !"


















