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Toujours en garde à vue dimanche, l'islamiste radical qui a tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes à proximité de la tour Eiffel à Paris samedi soir avait fait allégeance au groupe Etat islamique avant son passage à l'acte, qui pose la question du suivi psychiatrique de certains jihadistes.
L'attaque est survenue à quelques mois des JO-2024 à Paris et moins de deux mois après celle d'Arras (Pas-de-Calais) qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat".
S'exprimant en langue arabe dans cette vidéo, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-Iranien de 26 ans, apportait "son soutien aux jihadistes agissant dans différentes zones", a déclaré le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, lors d'une conférence de presse dimanche soir. "Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X (ex-Twitter)", ouvert début octobre et qui comportait "de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine", selon le magistrat.
Outre l'auteur des faits, trois autres personnes ont été placées en garde à vue, appartenant à la famille ou à l'entourage de l'auteur, a précisé M. Ricard.
L'assaillant a affirmé être muni d'explosifs
Les faits se sont déroulés samedi vers 21h30 dans ce lieu hautement touristique de la capitale, à proximité du pont de Bir Hakeim enjambant la Seine.
Le touriste tué au couteau, âgé de 23 ans, était de nationalités allemande et philippine, et se trouvait avait deux autres personnes d'origine philippine. Il a reçu "deux coups de marteau et quatre coups de couteau", a indiqué le magistrat.
L'assaillant a crié à plusieurs reprises "Allah akbar" et déclaré être "muni d'une ceinture d'explosifs", selon le procureur anti-terroriste.
Il s'en est aussi pris, avec un marteau, à deux hommes, un Français de 60 ans et un Britannique de 66 ans, légèrement blessés.
Il a été maîtrisé par les forces de l'ordre à l'aide d'un pistolet à impulsion électrique peu après l'attaque et placé en garde à vue dans les locaux de la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de Paris. L'enquête est ouverte pour "assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d'atteinte aux personnes".
Sa mère a signalé ses craintes
La mère de l'assaillant avait fait remonter aux autorités qu'elle s'inquiétait pour son fils qui "se repliait sur lui-même", a-t-il souligné. "Issu d'une famille sans aucun engagement religieux", Armand Rajabpour-Miyandoab s'est converti à l'islam à l'âge de 18 ans, en 2015, et a "très rapidement" versé dans "l'idéologie jihadiste".
"La création de ce compte X début octobre, puis l'inquiétude le même mois de la mère peuvent interroger sur un acte préparé depuis plusieurs semaines", a analysé une source proche du dossier. Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer quand les armes de l'agression ont été achetés.
Fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), selon une source proche de l'enquête, il avait été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme, après un projet d'action violente à la Défense, en 2016. Il était sorti en 2020 de prison après quatre ans de détention.
Les enquêteurs vont désormais se pencher sur le suivi médical de l'auteur, un homme au "profil très instable, très influençable", selon une source sécuritaire interrogée par l'AFP. "L'évolution de certains troubles psychiatriques déjà relevés lors de sa détention, conduisait le Pnat à requérir la réalisation d'une nouvelle expertise psychiatrique", a rappelé Jean-François Ricard en conférence de presse. "A la suite de cette dernière, l'auteur était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur. Ce suivi était effectif jusqu'à la fin de la mise à l'épreuve le 26 avril 2023", a-t-il ajouté.
Gérald Darmanin a réclamé dimanche soir que les autorités "puissent demander une injonction de soins" pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l'acte, à l'issue d'une réunion interministérielle à Matignon.
Environ 5.200 personnes sont connues pour radicalisation en France, dont 1.600 personnes sont particulièrement surveillées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon une source au sein du renseignement, qui précise que 20% de ces 5.000 personnes ont des troubles psychiatriques.
La ministre allemande de l'Intérieur a dénoncé dimanche un "crime abominable". "Nos pensées vont à la famille et aux amis de la personne tuée, ainsi qu'aux autres blessés de cet acte horrible", a déclaré Nancy Faeser, lors d'une interview au groupe de médias Funke.