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Le phare, la bibliothèque, Alexandre le Grand, Cléopâtre...: à Marseille, le Mucem entend "ôter le vernis" du mythe d'Alexandrie dans une exposition qui plonge au coeur de la ville égyptienne grâce notamment à des allers-retours entre pièces antiques et créations contemporaines.
Comme Marseille et de nombreuses autres villes méditerranéennes, "Alexandrie est une ville portuaire, une ville d'émigration, une ville d'immigration, une ville cosmopolite", rappelle Arnaud Quertinmont, un des commissaires d'"Alexandrie: futurs antérieurs" (jusqu'au 8 mai au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, le Mucem).
Fondée par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C., la cité est durant l'Antiquité la deuxième plus grande ville du monde romain, derrière Rome. Construite pour gérer le commerce du bassin méditerranéen, elle est aussi un centre au rayonnement culturel, religieux et scientifique.
Au fil de cinq sections explorant l'urbanisme de la ville, le lien entre pouvoir et savoirs, la vie quotidienne des Alexandrins, leur religion et l'héritage de la cité, l'exposition, en juxtaposant quelque 200 oeuvres archéologiques et témoignages historiques avec une quinzaine de créations contemporaines, entend "gratter un peu le mythe qui recouvre Alexandrie et revenir à l'archéologie", résume Arnaud Quertinmont.
Pour autant, ajoute-t-il, "il ne faut pas évacuer ce mythe, il est excessivement important et façonne notre imaginaire".
Lieu d'un "bilinguisme culturel" étonnant -en témoigne par exemple ce petit bronze du pharaon représenté sous les traits d'Horus, un homme à tête de faucon paré d'une cuirasse impériale, symbole du pouvoir romain-, Alexandrie s'illustre aussi par son héritage multiple, des découvertes scientifiques comme les bases de la pneumatique et de l'hydraulique à sa poésie et sa littérature, développées dans la bibliothèque et le musée de la ville.
Rares sont pourtant aujourd'hui les traces de l'Alexandrie antique: "Alexandrie est une ville multiple. À l'inverse d'autres villes comme Rome, on n'a pas une occupation qui se superpose à une autre, le centre-ville s'est déplacé", pointe Arnaud Quertinmont.
"Alexandrie a été partiellement rasée par un tsunami au IVe siècle de notre ère, elle a été bombardée au XIXe siècle et elle fait face aujourd'hui à un urbanisme galopant. Il est donc difficile de saisir la réalité archéologique d'Alexandrie", ajoute-t-il.
Elle n'en reste pas moins aujourd'hui encore une cité à part, en Egypte, comme dans le bassin méditerranéen, résume Sarah Rifky, une autre des commissaires de l'exposition.
"Alexandrie est une ville incroyablement importante pour comprendre non seulement l'Egypte, mais toute la Méditerranée, d'une part à cause de son héritage historique (...) mais aussi parce que la ville a été un noeud important pour le capitalisme et la modernisation de l'Egypte et pour le rôle politique symbolique essentiel qu'elle joue depuis les années 1950", souligne-t-elle.