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Ils sont soupçonnés d'avoir roué de coups un jeune homme à Marseille en marge des émeutes ayant embrasé la France début juillet: quatre policiers ont été mis en examen et l'un d'eux placé en détention provisoire, suscitant la colère des syndicats.
Les quatre fonctionnaires, deux membres de la brigade anticriminalité (Bac) Sud et deux de la BAC centre, ont été mis en examen dans la nuit de jeudi à vendredi pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours.
Dans la nuit du 1er au 2 juillet, alors que le centre de Marseille était en proie aux violentes émeutes qui avaient suivi la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier à Nanterre lors d'un contrôle routier, ils auraient passé à tabac un jeune de 21 ans.
Sur son lit d'hôpital, quelques jours après les faits, Hedi avait affirmé au quotidien La Provence avoir reçu un tir de LBD dans la tempe, avant d'être frappé par un groupe de quatre à cinq personnes. "Il a été tiré comme un lapin puis roué de coups", a dénoncé vendredi à l'AFP son avocat, Me Jacques-Antoine Preziosi, précisant que le certificat médical initial du jeune homme faisait état de 60 jours d'ITT.
Immédiatement opéré en neuro-chirurgie et désormais porteur d'un casque, après qu'une partie de l'os crânien lui a été enlevé, il a pu rentrer chez lui jeudi après avoir été de nouveau opéré, d'une fracture de la mâchoire, a ajouté Me Preziosi. Selon l'avocat, Hedi, qui travaille dans la restauration à Meyrargues, à une quarantaine de kilomètres de Marseille, pourrait aussi avoir perdu son oeil gauche.
La mise en examen des quatre policiers marseillais, mais surtout le placement en détention provisoire de l'un d'eux, comme le policier qui avait tué Nahel à Nanterre le 27 juin, a suscité l'ire des syndicats.
Le directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux fera d'ailleurs le déplacement à Marseille samedi, pour rencontrer les effectifs des BAC, a appris vendredi l'AFP de source proche du dossier. Le patron de la police viendra "non pas pour calmer les troupes, mais pour leur parler et les écouter", selon cette source.
- Les policiers "en 562" -
"La détention provisoire est une mesure d'exception qui s'applique autant aux citoyens qu'aux policiers", ont fustigé les syndicats Alliance et Unsa, dans un communiqué aux termes presque identique à celui du syndicat des commissaires de police.
"Chaque fois qu'ils doivent rendre compte à la justice, les policiers sont renvoyés à leur responsabilité individuelle, sans jamais remettre en cause leur administration", a de son côté déploré le syndicat Unité SGP Police, appelant tous les policiers de France à "se mettre en 562", c'est-à-dire ne plus assurer que les missions essentielles.
"Une enquête va se faire. S'ils ont fauté, ils seront sanctionnés. Mais la détention provisoire, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", a ajouté auprès de l'AFP Rudy Manna, du syndicat Alliance, évoquant "plusieurs dizaines" de policiers marseillais "en arrêt-maladie ou en burn out".
Quant aux applaudissements des collègues du policier placé en détention provisoire, quand celui-ci est sorti du palais de justice jeudi, "c'était une haie de soutien moral, pas une haie d'honneur", a relativisé le syndicaliste.
Cette manifestation a en tous cas "bouleversé" Hedi, selon Me Preziosi: "Ca l'a brisé. Ces applaudissements, c'est un total non-respect de l'appareil judiciaire".
Jusqu'à présent, l'IGPN s'est saisie d'au moins 21 enquêtes, "de nature et de gravité très différente", sur les agissements des forces de l'ordre lors des manifestations et violences ayant suivi la mort de Nahel, avait indiqué le 12 juillet la cheffe de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), Agnès Thibault-Lecuivre.
Plusieurs enquêtes judiciaires sont également en cours. A Marseille notamment, une autre enquête porte sur la mort d'un jeune homme de 27 ans, probablement après un "choc violent au niveau du thorax" causé par un projectile de "type Flash-Ball", au cours de la même nuit du 1er au 2 juillet.
Une cagnotte a été ouverte pour aider les familles des quatre policiers marseillais mis en examen, à l'initiative de la Bac Sud. Pour couvrir leurs frais de justice, selon M. Manna. En fin d'après-midi vendredi elle comptait près de 22.000 euros.