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Qui sont les Frères musulmans, que le gouvernement français identifie comme "une menace"?

En France, un Conseil de Défense qui réunit le Premier ministre et le Président se tiendra aujourd’hui pour analyser un rapport sur les Frères musulmans, commandé par le gouvernement. Ce document de 73 pages met en garde contre une islamisation à bas bruit à l’échelon des communes, qui représenterait selon ses conclusions, une menace pour la cohésion nationale. 

La société des Frères musulmans, un mouvement sunnite, a été fondée en 1928 en Egypte. Son objectif initial était de combattre l’influence occidentale par une lutte politique principalement non-violente. À l’époque, la plupart des pays musulmans d’Afrique du Nord ou du Proche-Orient étaient des colonies ou des protectorats. Alors que se développaient des mouvements d’indépendance, on voyait des régimes laïcs et nationalistes comme celui du colonel Nasser, en Egypte, en 1952. La plupart de ces régimes ont combattu les Frères musulmans, malgré leur succès grandissant auprès des populations modestes.

Leur victoire la plus spectaculaire fut en mai 2012, l’accession à la présidence égyptienne de leur candidat Mohamed Morsi. Mais il fut renversé dès le 3 juillet 2013 par un coup d’État militaire, et les Frères, durement réprimés comme ils le sont dans la plupart des régimes autocratiques musulmans, y compris en Arabie Saoudite. 

Même si leur rigorisme religieux est proche des Salafistes, leurs méthodes sont beaucoup plus modernes : ils fondent des partis, des syndicats, des associations, des clubs sportifs, des mouvements de jeunesse, et participent aux élections. C'est cet "entrisme" par le bas que dénonce le rapport remis au gouvernement français. 

Un danger de communautarisme, selon le rapport

Ils sont influents dans l'Hexagone depuis les années 80 et d'après le rapport, ils contrôleraient environ 200 mosquées, soit 7% des 2800 lieux de culte musulman répertoriés sur le sol français. Mais leur influence dans la société est beaucoup plus importante, notamment à travers leur engagement culturel, caritatif, scolaire, professionnel, financier et même alimentaire avec le développement du marché halal. 

Leur objectif serait petit à petit de constituer une sorte de contre-société qui substituerait la charia aux lois républicaines. Et c'est là que la France identifie un danger de communautarisme, y compris électoral. D'après le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, il y a une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale, une menace de submersion. 

Le Conseil de Défense qui se tiendra aujourd'hui a pour objectif d'organiser la contre-offensive, d'abord par la diffusion du rapport dans le grand public, ensuite par un contrôle plus strict du recrutement des fonctionnaires ou des candidats aux élections, du financement des associations, plus une campagne sur les réseaux sociaux. Cela permettrait aussi de neutraliser certains arguments du Rassemblement national. Car comme le dit l'article 1 de la Constitution, la République française est indivisible, laïque, démocratique et sociale.

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