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Retraites: le Sénat rejette une demande de référendum de la gauche

Le Sénat à majorité de droite a largement rejeté vendredi une demande de référendum portée par la gauche sur la réforme des retraites du gouvernement prévoyant le recul de l'âge légal à 64 ans.

Les sénateurs, qui reprendront à 17h l'examen de la réforme, ont repoussé par 251 voix contre 93 cette "motion référendaire", défendue par le chef du groupe PS Patrick Kanner au nom des trois groupes de gauche, socialiste, communiste et écologiste.

Patrick Kanner a fustigé une réforme de "rentabilité, quoi qu'il en coûte", menée par "les forces de droite face aux Français, en opposition frontale".

Il a accusé le gouvernement de "piraterie parlementaire", en pointant le temps contraint au Parlement par la procédure choisie par l'exécutif.

"Le bon sens, c'est retirer cette réforme, à défaut d'avoir le courage de la présenter devant les Français", a estimé M. Kanner.

En réponse, le ministre du Travail Olivier Dussopt a défendu la "légitimité" de la "démocratie représentative et du Parlement pour débattre des retraites" et de leurs "dispositions techniques", écartant un référendum et sa "question binaire".

Auparavant, la communiste Laurence Cohen avait dénoncé un "coup de force institutionnel" avec un projet de loi "non soumis à un vote" de l'Assemblée nationale en première lecture, faute de temps.

Et le chef du groupe écologiste Guillaume Gontard de fustiger la "dérive autocratique d'un exécutif hors-sol isolé dans sa tour d'ivoire" et sa réforme de "comptables en costumes gris".

"Au moins en son temps (début 2020, l'ancien Premier ministre) Edouard Philippe avait eu le courage de proposer un vrai projet de loi et une vision", que "nous contestions", a-t-il estimé.

La rapporteure générale Elisabeth Doineau (centriste) a critiqué cette demande "binaire" de référendum: "évidemment demandez des efforts aux Français, ils vont répondre non. Mais si on leur dit, +voulez-vous sauver le système par répartition+, ils vous diront oui".

Le LR Alain Milon a défendu une "réforme urgente" et renvoyé la gauche à la réforme Touraine de 2014, sous François Hollande, qui prévoyait déjà de "travailler plus longtemps" progressivement d'ici 2035.

Mais le texte n'est "peut-être pas proposé au bon moment, il aurait fallu que le gouvernement prenne en compte les propositions du Sénat beaucoup plus tôt", a-t-il jugé.

Les motions référendaires sont rares au Sénat, la dernière remontant à 2014.

A l'Assemblée nationale, une demande de référendum portée par le Rassemblement national sur cette réforme des retraites avait été rejetée début février.

Les députés de gauche, qui souhaitaient défendre leur propre motion mais avaient perdu face au RN lors d'un tirage au sort, avaient déserté l'hémicycle pour dénoncer une "mascarade".

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