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Aux Etats-Unis, les républicains se déchirent sur l'Ukraine

Défendre l'Ukraine relève-t-il d'un intérêt "vital" des Etats-Unis? Ou Washington doit-il plutôt se consacrer à des crises internes, comme l'immigration? La question divise vivement les républicains, entre candidats à la présidentielle isolationnistes et sénateurs va-t-en-guerre.

Les propos du gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui a appelé à faire passer "la défense de notre propre patrie" avant "une guerre à l'étranger", ont jeté une lumière crue sur les déchirements au sein du parti conservateur.

"Les Etats-Unis ont de nombreux intérêts vitaux, comme assurer la sécurité de nos frontières", a jugé l'étoile montante de la droite dure, qui flirte très ouvertement avec une candidature à la présidentielle de 2024.

"S'engager davantage dans un conflit territorial entre l'Ukraine et la Russie ne fait pas partie" de ces intérêts, a-t-il affirmé.

- 110 milliards de dollars -

Ces propos ont immédiatement fait bondir l'état-major républicain au Sénat, qui s'est mobilisé avec les démocrates au cours de la dernière année pour débloquer plus de 110 milliards d'aide à Kiev au Congrès.

"Lorsqu'un responsable américain dit à un adversaire ce qu'il ne fera PAS dans un conflit, il affiche une position de faiblesse", a taclé l'influent sénateur Lindsey Graham sur Twitter mardi.

L'élu de Caroline du Sud, qui avait appelé à "descendre" le président russe, a accusé tous ceux qui ne craignent pas une "victoire" de Vladimir Poutine, de se "tromper lourdement sur l'un des enjeux les plus clairs dans le monde".

En clair: une victoire russe en Ukraine pourrait ouvrir un boulevard au président chinois Xi Jinping dans ses velléités autour de Taïwan, craint-il.

En janvier déjà, ce sénateur -- pourtant très proche de Donald Trump -- ne tarissait pas d'éloges sur la position "formidable" adoptée par les démocrates, unis sur l'Ukraine -- comme un pied de nez aux convulsions de son propre parti.

Une position partagée par le puissant chef des républicains au Sénat Mitch McConnell, qui s'est rendu dans la capitale ukrainienne en mai 2022 et a renforcé par de récentes déclarations les positions les plus atlantistes au sein du Congrès.

- Pas de McCarthy à Kiev -

Mais à rebours de celle de Donald Trump, candidat pour 2024, qui répète à l'envi que le conflit entre la Russie et l'Ukraine ne se serait jamais produit s'il était encore au pouvoir.

"Si j'étais président, cette terrible guerre se terminerait en 24 heures, ou moins", a-t-il encore affirmé lundi.

L'ancien locataire de la Maison Blanche a également exhorté Bruxelles à "muscler son aide" financière à Kiev, estimant qu'il revenait davantage à l'Union européenne qu'aux Etats-Unis de financer l'opposition à la Russie.

Ces querelles entre républicains peuvent-elles avoir quelconque répercussion sur le flux d'aide militaire, économique et humanitaire que Washington fournit à Kiev?

Pour être adoptées, chacune de gigantesques enveloppes prévues pour l'Ukraine doivent faire l'objet d'un vote au Sénat -- aux mains des démocrates -- et à la Chambre des représentants.

Or depuis début janvier, la chambre basse est passée sous contrôle des républicains.

Son nouveau "Speaker" Kevin McCarthy -- élu dans la douleur après des compromis avec la frange trumpiste de son groupe parlementaire -- a déjà indiqué qu'il n'approuverait aucun "chèque en blanc" pour l'Ukraine.

Et a refusé jusqu'ici les invitations du président ukrainien Volodymyr Zelensky à se rendre à Kiev pour "se faire une opinion" sur le conflit.

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