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Biden, une entame de campagne en sourdine

Des blagues en smoking, des rendez-vous très institutionnels, et beaucoup de blancs dans l'agenda. Officiellement candidat depuis une semaine à sa réélection, Joe Biden se fait pour l'instant discret, là où son grand rival Donald Trump laboure le terrain.

Mardi, il était seulement 14H22 locale quand la Maison Blanche a annoncé un "lid", c'est-à-dire la fin du programme officiel du président américain, qui ne s'était de toute façon pas montré de la journée.

Depuis qu'il a demandé aux Américains de le réélire en 2024, dans un message vidéo diffusé le 25 avril, le démocrate de 80 ans n'est certes pas resté inactif.

Il a reçu le président sud-coréen et celui des Philippines, il a célébré la fête de l'Aïd el-Fitr avec des représentants de la communauté musulmane, il a vanté sa politique en faveur des petites et moyennes entreprises, il a participé à une réunion - téléphonique - avec le parti démocrate.

Mais c'est là un programme très institutionnel, en territoire connu, loin de l'image plus alerte que Joe Biden, 80 ans, a par exemple voulu projeter samedi lors du dîner de gala des correspondants de la Maison Blanche, l'événement mondain de l'année à Washington.

- "Dark Brandon" -

Le démocrate a ravi ses fans en chaussant ses lunettes de soleil préférées et en se décrivant pour rire comme "Dark Brandon" - une sorte d'alias virtuel au regard laser. Il s'agit d'un "meme" populaire depuis quelques mois dans le camp démocrate.

Dans la bataille d'internet, Donald Trump n'est évidemment pas en reste, lui qui commercialise des cartes de collection numériques à son effigie, dont l'une le montrant en super-héros musculeux aux yeux lançant des éclairs.

Mais le républicain mène aussi une campagne de terrain.

Il se montre au contact des électeurs dans les Etats stratégiques, il distribue ses casquettes rouges et s'arrête au fast-food du coin.

Jusqu'ici cette stratégie semble lui réussir, au moins dans la perspective de la primaire républicaine: le gouverneur de Floride Ron DeSantis, présenté comme un rival potentiel, a du mal à percer et Donald Trump, malgré sa récente et spectaculaire mise en examen, domine le camp conservateur.

Face à cette "stratégie du fast-food" de son prédécesseur, Joe Biden s'en tiendra-t-il à une "campagne de la roseraie", l'élégant jardin de la Maison Blanche où il vient souvent vanter son bilan devant des invités triés sur le volet?

Sa porte-parole a indiqué mercredi que pour l'instant, elle n'avait pas de déplacement de terrain à annoncer ces prochains jours.

Joe Biden, qui demande à être réélu pour "finir le travail", estime sans doute que rien ne presse. Il a l'avantage du sortant: aux Etats-Unis, un président qui se représente, avec déjà tous les attributs du pouvoir suprême, est le plus souvent réélu.

- Argent -

Quant aux sondages, peu encourageants, le démocrate fait mine de ne pas s'en soucier. Lors de la soirée de gala de samedi, il a blagué: "Ce dîner est l'une des deux grandes traditions de Washington. L'autre est de nous sous-estimer, moi et Kamala" Harris, la vice-présidente et co-listière.

Sa directrice de campagne ne sera opérationnelle que mi-mai, selon la presse américaine, laquelle signale que la grande offensive de levée de fonds du camp Biden est encore à venir - un aspect stratégique s'il en est, puisque selon toute vraisemblance cette course à la présidentielle battra, une fois encore, tous les records de dépenses.

Pour l'élection de 2020, Joe Biden avait mené une campagne volontairement discrète, mettant en avant les précautions face à la pandémie de Covid-19, faite de vidéos et de rassemblements en "drive-in", avec des partisans restant dans leurs voitures.

Il ne peut pas se permettre de la répliquer à l'identique cette fois-ci. Un programme jugé trop léger ne ferait qu'alimenter les spéculations et les critiques sur ce qui reste son plus grand handicap aux yeux des électeurs: son âge.

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