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Brésil: Jair Bolsonaro, le revenant

Il avait quitté son pays écoeuré par sa défaite "injuste" face à Lula, totalement déprimé de ne pas avoir été réélu, mais, après un exil de trois mois aux Etats-Unis, c'est un Jair Bolsonaro bien décidé à refaire de la politique qui rentre jeudi au Brésil.

A 68 ans, l'ex-président d'extrême droite veut jouer un rôle dans l'opposition à son successeur de gauche Luiz Inacio Lula da Silva et croit en ses chances de revenir au pouvoir.

Pourtant, les quatre années de mandat (2019-2022) de cet ancien capitaine de l'armée, nostalgique de la dictature militaire (1964-1985), ont été marquées par une succession de crises.

Il a multiplié les attaques contre les institutions, s'en prenant avec virulence à la Cour suprême, et n'a cessé de critiquer la crédibilité d'un système électoral pourtant fiable.

Admirateur de l'ex-président américain Donald Trump, il a été régulièrement accusé de disséminer lui aussi de fausses informations, notamment sur le Covid-19 ou sur les urnes électroniques.

Aujourd'hui, Bolsonaro est sous la menace de poursuites judiciaires et encourt même, à terme, la prison.

Son style provocateur et machiste plaît toujours à son noyau de partisans irréductibles, qui restent nombreux au Brésil, malgré les fréquents dérapages du "Mythe" (son surnom) qui a terminé son mandat avec le pire taux de rejet (50%) d'un président briguant une réélection au Brésil.

Le manque d'empathie dénoncé par de nombreux commentateurs chez Jair Bolsonaro durant la dramatique crise du Covid, qui vient juste de passer le cap des 700.000 morts au Brésil, avait choqué la population.

Ce "corona-sceptique" a refusé de se faire vacciner et a plaisanté sur les vaccins, susceptibles de transformer les gens en "crocodile" ou en "femme à barbe".

Une commission d'enquête parlementaire a réclamé son inculpation pour "crime contre l'humanité".

- Défiance et outrances -

C'est avec la même défiance qu'il a fait face aux quelque 150 demandes de destitution déposées au Parlement.

Elu pour "rétablir l'ordre", Jair Bolsonaro a gouverné souvent à coups de menton, à la tête d'un cabinet secoué par des limogeages ou démissions. Mais en toute fin de mandat, son bilan économique a été plutôt positif.

Ce fervent catholique avait lancé que "seul Dieu" pourrait le chasser du pouvoir. Mais c'est sa bête noire Lula qui l'a fait, avec moins de deux millions de voix d'avance.

Il ne l'a jamais félicité de sa victoire. Il a même quitté le Brésil deux jours avant la fin de son mandat, mutique et apparemment extrêmement déprimé.

Fervent patriote et défenseur de la souveraineté de son pays, il a critiqué, voire insulté, plusieurs chefs d'Etat ou de gouvernement étrangers, isolant le Brésil sur la scène internationale.

La plus violente polémique l'avait opposé au président français Emmanuel Macron en 2019, alors qu'était en feu l'Amazonie, où la déforestation a battu des records sous son mandat.

- Puissants lobbys -

En 2018, Jair Bolsonaro avait été bien élu (55%), malgré ses dérapages racistes, misogynes, homophobes ou anti-indigènes. Son désir d'en finir avec la corruption, la violence, la crise économique et la gauche "pourrie" avait séduit.

Piètre orateur, ce populiste ultra-conservateur à la syntaxe approximative et au regard bleu avait fait mouche avec des phrases simples.

Surtout, il s'était assuré le soutien des puissants lobbys de l'agronégoce et des évangéliques, confession de son épouse Michelle, 27 ans de moins que lui.

Ce défenseur de la famille a eu cinq enfants, mais de trois femmes différentes.

Jair Bolsonaro est très proche de ses trois fils aînés, tous des élus, qui collectionnent eux aussi les polémiques.

Né en mars 1955 à Campinas, près de Sao Paulo, dans une famille d'origine italienne, Jair Bolsonaro a eu une carrière militaire émaillée d'épisodes d'insubordination.

Il a été élu député pour la première fois en 1991. Seules deux de ses propositions de loi ont été adoptées en 27 ans de mandat.

Ayant frôlé la mort en 2018 après un attentat au couteau en pleine campagne électorale, Bolsonaro continue de souffrir de problèmes intestinaux qui l'ont plusieurs fois conduit d'urgence à l'hôpital.

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