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Le Madleen, un voilier chargé de riz et de médicaments est en route pour Gaza. Une expédition symbolique et dérisoire au regard de la situation dramatique dans l’enclave palestinienne. Les habitants sont privés de soins depuis trois jours et de nourriture depuis trois mois.
À bord de la Flottille pour la liberté : Greta Thunberg, militante écologiste reconvertie en porte-étendard de la cause des Gazaouis. À ses côtés, Rima Hassan, activiste et eurodéputée franco-palestinienne que nous sommes parvenus à joindre. Ils sont 12 membres d’équipage au total à se diriger vers Gaza.
« Nous naviguons actuellement au large des côtes égyptiennes », a déclaré à l’AFP la militante allemande des droits humains Yasemin Acar. « Tout va bien. »
Dans la soute du voilier, 200 kg de riz, de la farine, du lait, des produits de soins et d’hygiène. Une cargaison a priori insignifiante. « En multipliant même, si vous voulez, par 10 ce que nous avons actuellement à bord de ce navire, ça ne suffirait pas. Donc l’objectif c’est vraiment d’ouvrir une voie, de briser ce blocus. », justifie Rima Hassan.
Un blocus qui ne faiblit pas
Un blocus initié par le gouvernement israélien qui empêche l’entrée d’aides humanitaires dans l’enclave palestinienne. Selon Médecins Sans Frontières, des milliers de camions chargés d’approvisionnement attendent à 40 km de Gaza. Une situation qui désormais affecte le personnel de l’ONG.
« Même les membres de notre staff, on les voit maigrir jour par jour », témoigne Brice de le Vingne, coordinateur des opérations MSF à Gaza. « Ils nous expliquent que maintenant ils ne peuvent plus donner 2 ou 3 repas par jour à leurs enfants, et maximum un seul, et qu’eux-mêmes se privent. Les membres de notre personnel ont un salaire et ne sont pas les gens les plus vulnérables de la bande de Gaza. »
Les employés de Médecins Sans Frontières ont également reçu l’ordre il y a 3 jours de quitter l’hôpital dans lequel ils travaillent au sud de Gaza. L’établissement, l’un des derniers encore opérationnels, est situé à proximité de la zone d’évacuation annoncée par l’armée. « La sécurité de nos équipes n’est plus garantie », alerte Brice de le Vingne. « Donc on peut très bien, lors d’un mouvement, être au milieu des combats. Il y a des attaques de drones, il y a des attaques aussi parfois avec des avions de chasse, ou donc différentes attaques qui ont lieu à différentes parties de la ville. Et donc si jamais on ne respecte pas ces ordres de l’armée israélienne pour les mouvements, on risque de se faire cibler. »
Une seule attaque par drone suffit à faire couler le voilier et on peut se retrouver contraint de sauter en mer
Le gouvernement israélien reste inflexible et menace d’attaquer le voilier humanitaire afin de protéger l’espace maritime du pays. « Une seule attaque par drone suffit à faire couler le voilier et on peut se retrouver contraint de sauter en mer », fait remarquer Rima Hassan. « Donc à chaque fois qu’un drone est à proximité du bateau, il y a une alarme qui se déclenche. Et ça arrive très régulièrement au milieu de la nuit, ce qui est particulièrement stressant comme situation. »
« Nous sommes pleinement conscients des potentielles conséquences » de ce voyage, a déclaré Mme Acar, alors que l’armée israélienne avait indiqué mardi être prête à « protéger l’espace maritime » contre le bateau.
La Flottille pour la liberté réclame un soutien diplomatique de l’Union européenne. Quant à l’hôpital, sa fermeture signifierait l’effondrement total du système de santé selon l’OMS.
La Coalition de la flottille pour la liberté, fondée en 2010, est un mouvement international non violent de solidarité avec les Palestiniens, avec une dimension humanitaire et de plaidoyer politique contre le blocus de Gaza.
Début mai, un navire avec lequel la Coalition de la flottille pour la liberté espérait récupérer des sympathisants -dont Greta Thunberg- à Malte, puis se rendre à Gaza, avait été endommagé. Les militants avaient dit soupçonner une attaque de drones israéliens.


















