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Guerre en Syrie: Bachar al-Assad fait son retour sur la scène diplomatique arabe

Le président syrien, Bachar al-Assad, a participé vendredi à son premier sommet de la Ligue arabe depuis plus d'une décennie, signant son retour sur la scène diplomatique arabe dont il avait été écarté après la guerre en Syrie.

Après des années d'isolement, il a plaidé pour "une nouvelle phase" dans la coopération arabe devant ses pairs réunis en Arabie saoudite, en présence du président ukrainien, Volodomyr Zelensky, qui a accusé certains pays de la région de "fermer les yeux" sur l'invasion russe. "Nous sommes heureux d'accueillir le président Bachar al-Assad", a déclaré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, à l'ouverture du sommet.

L'organisation panarabe avait exclu le régime syrien fin 2011 pour sa répression d'un soulèvement populaire, qui a dégénéré en guerre dévastatrice, avant de le réintégrer le 7 mai dernier.

Échanges avec plusieurs dirigeants

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Le président syrien a affirmé que son pays est attaché à "son appartenance arabe", plaidant pour une "action arabe commune en faveur de la solidarité, la paix dans la région, le développement et la prospérité au lieu de la guerre et les destructions".

A son arrivée à la cérémonie d'ouverture, il a échangé une poignée de main notamment avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sisi. Et plus tôt dans la journée, il s'était entretenu avec le président tunisien, Kais Saied, qui s'est félicité de "l'échec du complot visant à fragmenter et à diviser" la Syrie.

Il a eu des discussions également avec le vice-président émirati, Cheikh Mansour ben Zayed, dont le pays avait rétabli les liens avec la Syrie en 2018 et a été très actif pour réintégrer Damas dans la Ligue arabe.

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Le régime syrien a bénéficié aussi d'un élan de solidarité après un séisme qui a dévasté le 6 février de vastes pans de la Syrie et de la Turquie.

La Ligue arabe a récemment souligné la nécessité de jouer un "rôle de premier plan", afin de parvenir à un règlement en Syrie. Si les combats se sont quasiment tus, la guerre a fait environ un demi-million de morts, ainsi que des millions de réfugiés et déplacés.

Financer la reconstruction

La Syrie espère la normalisation de ses relations notamment avec les riches monarchies du Golfe, pour financer sa coûteuse reconstruction. Mais des pays comme le Qatar, qui s'est vivement opposé au régime de Bachar al-Assad depuis le début de la guerre en Syrie, sont encore réticents. 

Selon l'agence de presse officielle syrienne SANA, le président syrien a salué vendredi l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. 

Le sommet se tient dans un contexte de détente régionale, marqué par le rapprochement ces derniers mois entre le royaume saoudien et son grand rival régional, l'Iran. Le pays hôte déploie par ailleurs des efforts diplomatiques pour tenter de trouver une issue aux conflits au Yémen et au Soudan.   

Manifestations contre la réintégration d'Assad

Des centaines de Syriens ont manifesté vendredi dans les zones rebelles du nord de la Syrie pour dénoncer la participation du président Bachar al-Assad au sommet arabe en Arabie saoudite, a rapporté un correspondant de l'AFP. "Le peuple veut la chute du régime", ont scandé des manifestants dans la ville d'Azaz, sous contrôle de formations rebelles proturques, reprenant le principal slogan du soulèvement pacifique en Syrie en 2011.

"La Syrie ne peut être représentée par le criminel Assad", "Si vous pensez que le soulèvement est terminé, vous vous trompez", pouvait-on lire sur des banderoles brandies par les manifestants, à l'adresse des pays arabes.

"J'ai vécu la douleur de la détention, du blocus et de l'exode", a affirmé à l'AFP Aïcha Mourad, 30 ans, une femme qui participe au rassemblement. "Nous appelons les peuples arabes à faire pression sur leurs gouvernements pour qu'ils reviennent sur cette décision (de réintégrer la Syrie au sein de la Ligue arabe, NDLR) et fassent pression sur Bachar al-Assad pour qu'il parte", a de son côté déclaré Issam Khatib, un avocat qui a fui la ville d'Alep (nord).

Des manifestants sont également descendus dans les rues des villes d'Idleb, Afrine et Al-Bab, brandissant le drapeau de la "révolution", adopté par l'opposition au début du soulèvement, selon les correspondants de l'AFP.

Présence surprise

Outre les conflits au Moyen-Orient, le 32e sommet de la Ligue arabe devrait aborder des sujets plus internationaux notamment la guerre en Ukraine. Invité surprise au sommet, le président ukrainien, Volodomyr Zelensky, a appelé les dirigeants de la région à "jeter un regard honnête" sur la guerre dans son pays. "Malheureusement, certains pays dans le monde et ici, parmi vous, ferment les yeux sur ces prisons et annexions illégales", a-t-il déclaré.

Le président ukrainien a été invité par l'Arabie saoudite et non par la Ligue arabe, a précisé à l'AFP un responsable de l'organisation panarabe.  

M. Zelensky a affirmé sur les réseaux sociaux qu'il s'était entretenu avec le prince héritier saoudien pour parler notamment des "principaux points de la formule de paix ukrainienne". Il a également évoqué d'autres rencontres bilatérales avec les dirigeants d'une région beaucoup moins unie dans son soutien à l'Ukraine que ses alliés européens et américains.

Ryad a affiché une position relativement neutre sur le conflit, jouant en septembre un rôle inattendu de médiateur dans un échange de prisonniers entre Moscou et Kiev.   

La première économie du monde arabe et plus grand exportateur de brut au monde, coordonne sa politique pétrolière avec la Russie, tout en maintenant des liens étroits avec les Etats-Unis, son partenaire de longue date en matière de sécurité. 

La Syrie de Bachar al-Assad, en revanche, fidèle alliée de Moscou, est l'un des cinq pays à avoir voté contre les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies demandant à la Russie de cesser les hostilités en Ukraine.

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