Partager:
Trois ans après le début de l’invasion de l’Ukraine, les ambitions géopolitiques de Vladimir Poutine demeurent intactes, voire grandissantes. C’est le constat dressé par David Petraeus, ex-directeur de la CIA et ancien général américain, lors d’une récente intervention au sein du think tank britannique Policy Exchange. Pour lui, le président russe ne compte pas s’arrêter à l’Ukraine : la Lituanie, l’un des trois pays baltes, serait en ligne de mire.
Une expansion au-delà de l’Ukraine ?
Selon Petraeus, les objectifs de Poutine restent maximalistes. Il souhaite contrôler non seulement les régions ukrainiennes déjà partiellement annexées – Crimée, Kherson, Donetsk, Louhansk et Zaporijia – mais aussi s’emparer de l’ensemble du pays. Dans ce scénario, le président ukrainien Volodymyr Zelensky serait renversé au profit d’un pouvoir pro russe.
Nous devrions l’écouter avec beaucoup plus d’attention
Si cette prise de contrôle devait se concrétiser, la Lituanie serait le prochain pays ciblé, estime l’ancien chef du renseignement américain. « La Lituanie occupe une place importante dans ses discours. Nous devrions l’écouter avec beaucoup plus d’attention », prévient-il.
Membre de l’Union européenne et de l’OTAN, la Lituanie partage des frontières avec la Lettonie, la Pologne, la Biélorussie et l’enclave russe de Kaliningrad. Sa position géographique en fait un point névralgique sur l’échiquier stratégique.
Retour aux frontières soviétiques
Cette hypothèse d’une attaque au-delà de l’Ukraine repose sur la vision historique et impérialiste de Vladimir Poutine, rappelle Petraeus. À la question de savoir quelle fut, selon lui, la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle, Poutine avait répondu : « l’effondrement de l’Union soviétique ». Une déclaration révélatrice de son objectif de rétablir l’influence russe sur les anciens territoires soviétiques.
Pour Petraeus, la seule manière d’arrêter cette dynamique est de convaincre le Kremlin que le coût de la guerre devient insoutenable, même selon les critères russes. Il faut, selon lui, montrer que les gains territoriaux ne valent pas les pertes humaines, économiques et diplomatiques.
Une menace bien réelle selon l’armée allemande
L’analyse de Petraeus est partagée par le général Carsten Breuer, chef de l’armée allemande, qui a lui aussi tiré la sonnette d’alarme. Dans une interview à la BBC, il estime qu’une attaque russe contre un pays de l’OTAN est possible d’ici quatre ans, potentiellement dès 2029.
Il s’inquiète particulièrement du corridor de Suwałki, une bande de territoire stratégique de 65 km reliant la Pologne à la Lituanie, et séparant Kaliningrad de la Biélorussie. Une zone considérée comme l’un des points les plus vulnérables de l’Alliance atlantique.
La Russie, prévient-il, renforce activement ses capacités militaires : 1.500 chars produits chaque année, dont une grande partie pourrait être mobilisée pour une offensive future contre les États baltes, pourtant protégés par l’article 5 du traité de l’OTAN.
L’OTAN sommée de se préparer dès maintenant
« Nous devons être prêts à combattre dès aujourd’hui », insiste Breuer. Pour lui, la menace russe constitue le plus grand défi stratégique auquel l’Alliance ait été confrontée depuis des décennies. Une alerte que les alliés ne peuvent plus se permettre d’ignorer.



















