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Dans son rapport annuel, Amnesty International alerte sur "un tournant dans l'histoire du droit international, sur fond de violations flagrantes des règles par les gouvernements". En ligne de mire, le conflit israélo-palestinien, scène d'un conflit armé violent qui a poussé de très nombreux pays à se positionner. Amnesty International en épingle trois : l'Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Le rapport annuel d'Amnesty International sur "La situation des droits humains dans le monde" dresse un constat sévère. Il évoque "la trahison des principes relatifs aux droits humains par les dirigeants et les institutions d'aujourd'hui". Effectivement, face à la multiplication des conflits, les grandes puissances mondiales ont été obligées de réagir et de se positionner. Ce qui aurait "porté atteinte à la crédibilité du multilatéralisme et affaibli l'ordre mondial".
Deux poids deux mesures grotesque
Alors que le conflit dans le Moyen-Orient ne montre aucun signe d'apaisement avec plus de 1,9 millions de Palestiniens déplacés de force, l'ASBL n'est pas tendre à l'encontre de plusieurs pays comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne. Il dénonce "le deux poids deux mesures grotesque" de ces pays qui ont protesté "à juste titre" contre les crimes de guerre commis par la Russie et le Hamas "tout en soutenant les actions des autorités israéliennes et américaines dans ce conflit".
Un blocus
Des milliers d'autres Palestiniens sont "morts inutilement" en raison du blocus et des attaques d'Israël visant des hôpitaux, "qui ont empêché 2,2 millions de Gazaouis d’avoir accès à de l’eau potable, de la nourriture, des fournitures médicales et du combustible, et ont entraîné pour ainsi dire l’effondrement du système de santé", peut-on lire dans le Rapport 2024 sur "La situation des droits humains dans le monde" d'Amnesty International.
Dysfonctionnement des institutions
"L’incapacité déconcertante de la communauté internationale à protéger de la mort des milliers de civils, dont une forte proportion d’enfants, dans la bande de Gaza occupée montre clairement que les institutions créées justement pour protéger les populations civiles et défendre les droits humains sont désormais incapables de remplir leur office", déclare Agnès Callamard, la directrice générale du Secrétariat international d’Amnesty International.
Toujours selon l'ASBL, la communauté internationale n'aurait pas tout mis en œuvre pour faire cesser les violences. "Les États-Unis en particulier ont même continuer d'armer les parties au conflit en leur fournissant des armes utilisées pour commettre des violations flagrantes des droits humains", peut-on lire dans le rapport. Les États-Unis ont d'ailleurs utilisé "de façon éhontée" leur droit de veto pour couper court à toute résolution de cessez-le-feu du Conseil de sécurité des Nations unies.
De nombreuses grandes puissances abandonnent les valeurs fondatrices de l’humanité
"Ce que nous avons vu en 2023 confirme que de nombreuses grandes puissances abandonnent les valeurs fondatrices de l’humanité et de l’universalité inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’homme", déplore la directrice générale.
Selon Amnesty, c'est précisément la réticence de la communauté internationale à faire respecter les droits humains et le droit international humanitaire qui "a encouragé Israël à poursuivre son offensive militaire au mépris de ses effets dévastateurs sur les civils de Gaza".
L'ASBL appelle à un cessez-le-feu immédiat et exhorte la communauté internationale à imposer un embargo sur les armes à toutes les parties du conflit. Elle demande aussi la libération immédiate de tous les otages civils et que des enquêtes internationales indépendantes soient menées.