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La France obtient la libération de deux ressortissants en Iran: "Nous ne pouvons pas dire à quel point nous sommes soulagés"

Affaiblis et malades, le Français Benjamin Brière et le Franco-irlandais Bernard Phelan, détenus dans une prison en Iran, ont été libérés vendredi, au grand soulagement de la France qui a redit sa détermination à faire libérer "tous les Européens détenus" dans ce pays, dont quatre Français.

Benjamin Brière, 37 ans, très diminué par une grève de la faim, avait été arrêté en mai 2020, accusé d'espionnage.

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Bernard Phelan, 64 ans, consultant en tourisme, également malade, avait été arrêté le 3 octobre 2022 pour atteinte à la sécurité nationale.

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Les deux hommes, qui ont toujours clamé leur innocence, ont été libérés "de bonne foi et dans une action humanitaire", selon un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères, évoquant des "sollicitations de la partie française à différents niveaux et après des négociations".

Ils ont bénéficié d'une "prise en charge médicale dès leur sortie de prison", a précisé la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna. "Il était temps que cette libération intervienne avant qu'une catastrophe ne survienne", a confié à l'AFP Me Philippe Valent, avocat de Benjamin Brière, évoquant "un vrai risque vital".

"On évite un drame. Je n'ai pas de mots pour décrire la joie ressentie", a réagi sa soeur Blandine Brière auprès de l'AFP.

La soeur de Bernard Phelan, Caroline Massé-Phelan, avait récemment souligné que son frère commençait à perdre la vue et marchait difficilement. "Nous ne pouvons pas vous dire à quel point nous sommes soulagés", a-t-elle déclaré dans un communiqué adressé à l'AFP, précisant qu'il avait désormais besoin de "se reconstruire" et n'accepterait "pas de demandes d'interview pour le moment".

"Otages d'Etat"

D'après le site Flightradar24, un Falcon 900 de la compagnie Airlec, spécialiste des transports aéromédicaux capable de transporter des passagers sur civière, a décollé de Mashhad et est attendu à l'aéroport de Paris-Le Bourget autour de 19h30 locales (17h30 GMT). "Merci à tous ceux qui ont oeuvré à cette issue", a tweeté le président français Emmanuel Macron. "A l'occasion d'un échange ce matin avec mon homologue iranien, M. Hossein Amir-Abdollahian, j'ai remercié tous ceux qui ont oeuvré à ces libérations", a également fait savoir Mme Colonna.

La ministre française discute avec l'Iran pour libérer "tous les Européens détenus"

Côté belge, ces libérations font évidemment penser à Olivier Vandecasteele, emprisonné depuis plus d'un an en Iran. La ministre des Affaires étrangères a justement abordé la question des autres Européens détenus par Téhéran. "Nous allons continuer à travailler en Européens à la libération de nos ressortissants, ils sont encore quatre, et tous les ressortissants européens, trop nombreux hélas, détenus sans raisons en Iran", a-t-elle assuré au cours d'un point de presse en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Stockholm.

La Belgique cherche à obtenir la libération du travailleur humanitaire Olivier Vandecasteele, arrêté le 24 février 2022 à Téhéran puis condamné pour "espionnage".   Elle pourrait intervenir en échange du retour à Téhéran d'un diplomate iranien, Assadollah Assadi, condamné en Belgique en 2021 à vingt ans de prison pour un projet d'attentat qui devait viser un rassemblement du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, coalition d'opposants), en France en 2018.

Pour la France, les cas qui préoccupent sont ceux de Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés le 7 mai 2022, "lors d'un séjour touristique" selon leurs proches, et d'un consultant de 35 ans, Louis Arnaud, arrêté le 28 septembre à Téhéran, lui aussi venu en touriste. Un autre Français est aussi détenu mais son identité n'a jamais été rendue publique.

La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en 2019 puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, a, elle, été libérée le 10 février mais ne peut quitter l'Iran.

Depuis des mois, la France dénonce ces détentions arbitraires en parlant d'"otages d'Etat". D'autres pays européens et des défenseurs des droits humains accusent Téhéran de détenir des dizaines d'étrangers dans une stratégie de chantage à l'Occident.

Mais face à un régime qui multiplie les emprisonnements et les condamnations à mort, la marge de manoeuvre pour libérer les Occidentaux s'est réduite, dans le contexte des manifestations contre Téhéran qui ont suivi la mort de la jeune Iranienne Mahsa Amini.

Mi-mars, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a déploré que Paris se mêle de condamner la répression des manifestations, en soulignant que ce n'allait pas aider "au règlement de la question des prisonniers".

"Approche réaliste"

Vendredi en revanche, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a salué "l'approche réaliste de la France" envers l'Iran.

Téhéran maintient la pression sur les Européens pour qu'ils n'inscrivent pas l'armée idéologique du régime, les Gardiens de la révolution, sur la liste des organisations soutenant le terrorisme. C'est "notre ligne rouge", a-t-il dit.

Benjamin Brière avait été arrêté pour avoir pris des "photographies de zones interdites" avec un drone de loisirs dans un parc naturel. Condamné à huit ans de prison pour "espionnage", il avait été acquitté mi-février mais maintenu en détention. 

Bernard Phelan avait, lui, été arrêté alors qu'il voyageait dans le cadre de ses activités de consultant en Iran pour un tour opérateur. Début mars, il avait été condamné à 6,5 ans de prison sur des accusations d'atteinte à la sécurité nationale.

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Commentaires

1 commentaire

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  • Que fait notre Gouvernement pour libérer Olivier Vandecasteele ??

    Joseph MUIJTJENS
     Répondre