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« La Russie dit tout et son contraire » : l’Ukraine a-t-elle vraiment attaqué une résidence de Poutine ? Les preuves se font attendre

Par RTL info avec AFP
Les accusations russes sur une attaque ukrainienne de drones contre une résidence de Vladimir Poutine, démenties par Kiev, relancent les tensions diplomatiques alors que des discussions de paix étaient en cours.

Kiev a pointé mardi l’absence de preuves étayant les accusations de Moscou sur une attaque ukrainienne de drones contre une résidence de Vladimir Poutine, tandis que Moscou a averti qu’elle allait durcir sa position dans les pourparlers sur la fin du conflit.

Ce soudain regain de tension diplomatique intervient peu après des déclarations américaines et ukrainiennes faisant état de progrès dans les discussions en vue d’un accord pouvant faire cesser l’invasion russe de l’Ukraine. Et ces accusations jettent le doute sur la poursuite des tractations diplomatiques engagées depuis novembre pour tenter de mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Les assertions du Kremlin, qui accuse l’Ukraine d’avoir attaqué une résidence de Vladimir Poutine, ne reposent sur « aucune preuve solide, y compris après recoupement des informations avec nos partenaires », a déclaré mardi l’entourage du président français Emmanuel Macron. « Les autorités russes elles-mêmes disent tout et son contraire sur ce qui s’est réellement produit », a-t-on ajouté. Quant à la poursuite et l’intensification des frappes russes, elles « sont en soi un acte de défi contre l’agenda de paix du président Trump », a souligné l’entourage du chef de l’Etat.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a néanmoins annoncé mardi qu’une réunion avec les dirigeants des pays alliés de Kiev était prévue le 6 janvier en France, après une rencontre le 3 janvier en Ukraine avec des conseillers à la sécurité d’Etats soutenant Kiev.

Moscou a accusé lundi Kiev d’avoir visé dans la nuit de dimanche à lundi avec 91 drones une résidence de Vladimir Poutine située à Valdaï, entre Moscou et Saint-Pétersbourg, et hautement sécurisée. L’Ukraine a aussitôt démenti. Volodymyr Zelensky a répété mardi que ces accusations étaient « fausses ». « Bien sûr, nos partenaires peuvent vérifier que c’est faux grâce à leurs capacités techniques », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse en ligne. Plus tôt, mardi, son ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a souligné que Moscou n’avait « toujours pas fourni de preuves plausibles ».

« Durcissement »

M. Sybiga a regretté que les Emirats, l’Inde et le Pakistan se soient officiellement déclarés préoccupés par « une attaque qui n’a jamais eu lieu ». Les accusations de Moscou sont intervenues au lendemain d’une rencontre en Floride entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue américain Donald Trump, qui pousse à une résolution du conflit lancé il y a près de quatre ans.

Lors de son briefing quotidien mardi, auquel a participé l’AFP, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov n’a pas fourni de preuve, assurant que les drones avaient tous été abattus et qu’il faudrait de ce fait s’adresser au ministère russe de la Défense concernant la présence d’éventuels débris. « Les conséquences (de cette attaque) se traduiront par un durcissement de la position de négociation de la Fédération de Russie », a-t-il prévenu. « Quant à une réaction militaire, nous savons comment et avec quoi répondre », a-t-il ajouté.

La résidence de Vladimir Poutine à Valdaï a fait l’objet par le passé de plusieurs enquêtes journalistiques. En 2021, l’équipe de l’opposant Alexeï Navalny, mort en prison en 2024, avait publié une enquête affirmant que cette « datcha secrète » de Vladimir Poutine à Valdaï était très luxueuse. « Poutine adore le luxe » et « le cache soigneusement », indiquait-elle. Depuis le début de l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine, en 2022, Vladimir Poutine s’est davantage rendu dans cette résidence car elle est dans un endroit isolé et mieux protégé par les défenses antiaériennes, avait affirmé en novembre le média RFE/RL.

Evacuations en Ukraine

Pour sa part, depuis sa résidence en Floride, le président américain Donald Trump a réagi lundi soir à ces accusations. « Je n’aime pas ça », a-t-il dit. « C’est une période délicate. Ce n’est pas le bon moment », a-t-il ajouté. Parallèlement, plusieurs dirigeants occidentaux se sont entretenus mardi sur la situation en Ukraine, ont annoncé leurs équipes. Parmi les participants : le Premier ministre polonais Donald Tusk, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le chancelier allemand Friedrich Merz.

Sur le terrain, les bombardements entre les deux camps se poursuivent. Dans la nuit de lundi à mardi, l’Ukraine a été visée par deux missiles et soixante drones russes, selon l’armée de l’air ukrainienne. Les autorités de la région de Tcherniguiv dans le nord de l’Ukraine ont par ailleurs ordonné mardi l’évacuation de 14 villages proches de la frontière avec le Bélarus et la Russie, en raison de bombardements russes quotidiens.

Dans la matinée, la grande ville ukrainienne de Zaporijjia (sud) a, elle, été frappée par trois bombes aériennes russes, selon les autorités locales. Une femme a été blessée et plusieurs maisons et immeubles résidentiels endommagés. Une frappe de drone russe a tué mardi un homme dans le village de Vesselyanka, près de Zaporijjia, a indiqué le gouverneur Ivan Fedorov.

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